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La Grèce devra-t-elle vendre son or ?

Les réserves d'or de la Grèce...

Avec la menace de la sortie de la zone euro de plus en plus présente, quant est-il des réserves d’or de la Grèce… ?

« Des dirigeants allemands disent maintenant que la sortie de la Grèce de la zone euro ne les effraie plus. On comprend qu’ils sont prêts pour une telle éventualité », écrit Julian Phillips pour GoldForecaster.

Avec les représentants des dirigeants de l’Union Européenne qui sont allés cette semaine en Grèce pour voir les progrès de la mis en œuvre des réformes structurelles et des mesures d’austérités, il est devenu clair pour tous que bien que nous devons attendre les aboutissements de ces mesures, la Grèce échoue dans ses efforts et plus de financements seront retardés pour le moment, du moins. S’ajoutant aux malheurs de la Grèce, il y a peu d’accords au sein de leur gouvernement. Le gouvernement grec est lui-même un mélange de conservateurs et de socialistes.

A leur tour, les dirigeants de la Commission européenne, du Fond monétaire international et de la Banque centrale européenne, connus sous le nom de troïka, sont de plus en plus en désaccord. Ce qui crée une plus grande incertitude à mesure que la Grèce et le reste de l’Europe se dirigent vers une nouvelle confrontation, réitérant les doutes sur le temps qu'il reste encore à Athènes dans la zone euro.

Les prêteurs de la Grèce disent qu’ils ne financeront pas davantage le pays à moins qu’il n’atteigne ses objectifs. Mais beaucoup d’experts disent que les objectifs n’étaient jamais à portée et que pousser trois gouvernements grecs plus affaiblis les uns que les autres à se soumettre à profondément endommager l’économie. La conviction un peu partout et notamment au ministère des finances allemand est que la sortie de la Grèce de la zone euro est maintenant presque certaine.

Les officiels de la troïka surveillant le plan de sauvetage de la Grèce, le Fond monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne à Bruxelles, ont affirmé en privé qu’ils doutaient que le pays pourrait atteindre ses objectifs officiels de baisser sa dette à 120% du rendement économique d’ici 2020. La Grèce doit payer les 3,1 milliards d’euros en paiements de bons à la banque centrale le 20 août.

La Commission européenne a réaffirmé que la prochaine tranche d’aide à la Grèce ne sera probablement pas déboursée avant septembre, mettant le pays en plus grand danger de pénurie d’argent pour payer les salaires et les retraites.

En fin de semaine dernière, la Banque centrale européenne a mis fin à une source vitale de liquidités pour les banques grecques, en disant qu’elle arrêterait d’accepter les bons du gouvernement grec comme nantissement pour les emprunts à bas coûts jusqu’à ce que l’Union européenne complète son rapport, qui n’est pas attendu avant la fin août au plus tôt. Les banques grecques doivent maintenant emprunter à la Banque centrale grecque à des taux d’intérêt plus élevés, d’un fond avec des moyens limités, en cas de pénurie, la Grèce devra imprimer des drachmes.

Le FMI, qui a indiqué en mars qu’il n’investirait plus de fonds pour la Grèce, prendra une décision sur son prochain déboursement fin août au plus tôt en fonction des conclusions de la troïka, selon deux officiels du fond proches du dossier ces derniers jours. Le FMI a signalé aux dirigeants européens qu’il cesserait de payer davantage d’aide financière à la Grèce, amenant le pays plus près de l’insolvabilité en septembre. Il est « déjà clair » pour l’Union européenne que la Grèce n’atteindra pas l’objectif des 120%. Ce cas signifie que la Grèce aurait besoin de 10 à 50 milliards d’euros supplémentaires, un problème potentiel que le FMI n’est pas prêt à accepter. La possibilité que la Grèce pourrait sortir de l’union monétaire des 17 membres a été formulée cette année par les officiels européens qui considèrent que les retombés d’un tel scénario seraient un moindre mal contre une crise apparemment perpétuelle.

L’économie de la Grèce s’est contractée de 3,5% en 2010 et de 6,9% en 2011 et l’on s’attend à ce qu’elle se contracte de 7% cette année, un déclin rappelant la Grand dépression des années 1930. Le chômage est à 22,5% et devrait augmenter à 30%, tandis que l’association des vendeurs de détails de la Grèce a prévenu lundi que les ventes devraient baisser de 53% cette année.

La Grèce, qui a tenu des élections consécutives en mai et en juin avec l’opposition publique pour les coupes budgétaires grandissantes, risque de manquer d’argent dans le déboursement de 4,2 milliards d’euros dus le mois dernier comme premier versement d’un transfert de 31 milliards d’euros.

Les faits ci-dessus et la position croissante contre la Grèce pousse sa sortie sur le devant de la scène. Donc il est sensé de regarder ce qui est advenu des 111 tonnes d’or qu’elle détient actuellement dans ses réserves d’or et de devises étrangères.

Les 111 tonnes d’or détenues par la Grèce sont dans l’une des trois banques centrales et peut-être éparpillées entre les trois. Ces banques sont la Banque d’Angleterre, la Banque de France et la Réserve fédérale américaine. Notre opinion (la Banque des règlements internationaux [BIS] ne révélera jamais l’information) est que l’or de la Grèce a d’abord été utilisé dans certains des swaps (opération d’échange d’actifs) des plus de 500 tonnes d’or/devises exécutés il y a deux ans et déroulés l’an passé par la BIS.

De plus, nous pensons que ces swaps ont été entrepris par des pays qui ont des difficultés à lever de nouveaux prêts à des taux d’intérêt raisonnables. Les swaps or/devise ont été mises en œuvre dans le cadre de nantissement que des créditeurs exigent pour faciliter de nouveaux prêts. En tant que telle leur valeur sont allées bien au-delà du cours du marché de l’or concerné.

Quand la Grèce avait besoin d’un renflouement généreux des créditeurs de l’Union européenne on nous avait fait croire qu’une partie du nantissement, à être perdu en cas de défaut, était les 111 tonnes d’or détenues par la Grèce. C’est cet or qui est maintenant en danger d’être perdu pour le pays.

Le fait que l’or ne se trouve pas dans le pays a permis qu’il soit possédait par les banques centrales en dehors du pays et qui n’hésiteraient pas à livrer l’or, en cas de défaut de la Grèce.

Cela peut paraître surprenant que le gros des banques centrales du monde ne détienne pas l’or de leur pays dans les coffres-forts domestiques. C’était le cas au cours du siècle dernier. Si la réputation des trois banques centrales est impeccable, néanmoins, avec l’état financier actuel du monde, il semble que l’or qui ne devrait pas être détenu pas des banques centrales étrangère est une question de prudence. Après tout, dans le pire des cas, la possession compte pour 9/10ème de la loi.

C’est devenu un souci l’an passé pour le Venezuela qui n’est pas l’ami cher des Etats-Unis en ce moment. Son or était détenu dans plusieurs banques centrales, donc la Banque d’Angleterre. Le président Chavez, sur les conseils de sa banque centrale a décidé de rapatrier l’or du Venezuela. C’était un exercice lourd mais ça été fait et l’or est maintenant détenu au Venezuela hors de la portée de ceux qui sont mécontents avec leurs politiques de nationalisation. Après tout il y a toujours un cas à défendre pour les créditeurs dont les actifs ont été saisis pour donner un recours aux actifs du pays détenus en dehors du pays. C’est un danger croissant dans un monde où la valeur de la dette souveraine est en doute dans tant de pays.

L’une des raisons clés pour la détention d’or est d’être capable de le vendre pour pouvoir fournir au pays l’accès au commerce international et aux prêts, quand sa solvabilité et sa devise sont inacceptable en dehors du pays. En détenant de l’or en dehors du pays, cet or pourrait bien être approprié par d’autres pays. Nous avons vu cela se produire récemment avec l’Iran, dont tous les actifs étrangers ont été gelés avec des tentatives faites pour geler les exportations de pétrole. Que ce soit justifié ou non, la vulnérabilité des actifs des nations devrait être un facteur considéré par le gouvernement et la banque centrale de chaque pays. Permettre ses actifs d’être vulnérables aux saisies est un acte d’imprudence, c'est le moins qu'on puisse dire.

Si la Grèce perd son or à cause d’un défaut, ce sera, nous anticipons, aux cours du marché seulement. La capacité d’utiliser sa valeur bien au dessus de son prix avec des nantissements de swaps or pour facilités les prêts et les taux d’intérêt plus bas sera entièrement perdue. Nous pensons que c’est l’un des devoirs des banquiers centraux de gérer les avoirs de la nation pour le bénéfice total de la nation. Ceci requiert que l’or soit dans en sa possession et non pas entre les mains des autres, qui pourraient le saisir à cause de désaccords politiques, qu’ils soient perçus comme sérieux ou non.

La Grèce devra, nous pensons, abandonner la devise européenne entièrement. Après tout, la perte massive de solvabilité nécessitera une dévaluation de la devise. Cela n’aura pas lieu en continuant d’utiliser l’euro. Un œil sur l’histoire montre que dans ce cas il est possible qu’une valeur de 50% de l’euro soit attribuée à la drachme. En plus il faudra qu’il y ait un blocage des exportations de capitaux de la Grèce. Après cela nous nous attendons à voir une « drachme financière » (ou quelque soit le nom que la Banque centrale grecque lui donne) en plus d’une « drachme commerciale » instituée en Grèce avec les contrôles des capitaux et des devises sont mis en place pour protéger ce qui reste de la viabilité financière de la Grèce.

La « drachme commerciale » sera utilisée pour des activités normales de commerce d’import/ export de biens et pour le tourisme. La « drachme financière » sera pour les flux de capitaux que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Nous pourrions rentrer dans plus de détails une fois que les événements ont eu lieu, mais pour le moment laissons les choses en l’état avec une devise qui pourrait facilement chuter de 30% supplémentaire contre la « drachme commerciale » (disons 35% du taux de change de l’euro). Dans un autre article, nous pourrons décrire les énormes avantages pour la Grèce d’opérer un tel système.

En outre, nous pourrions bien voir un système de « conversion de dettes » être institué au sein de la Grèce pour encourager l’investissement dans le pays pour le développement des infrastructures et d’autres projets utiles pour la nation.

 

Cet article ne peut être reproduit sans la permission de son auteur (Julian Phillips chez GoldForecaster).

-- Article traduit par BullionVault.fr --

JULIAN PHILLIPS, de l’équipe de GoldForecaster.com, a commencé sa carrière sur les marchés financiers en 1970, après avoir quitté l’armée britannique. NB : cet article ne peut être reproduit sans l’accord de l’auteur et de Gold Forecaster.

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