La fièvre des élections au Royaume-Uni ?
Achetez de l’or, vendez vos actions nous dit l’investisseur britannique.
« La demande pour l’investissement en or vient d’atteindre des pics de 20 mois et ce avant les élections aux Royaume-Uni », écrit Adrian Ash pour BullionVault.
David Cameron passe un sal quart d’heure. D’abord il évoque la mauvaise équipe de foot (West Ham au lieu d’Aston Villa), et ensuite il offre à son public un lapsus révélateur quant à sa propre carrière.
Les autres clowns en face ne font guère mieux. Les électeurs voteront probablement encore de travers aux élections générales de 2015 des membres du parlement british et de facto du nouveau premier ministre.
Est-ce possible d’éviter une totale cata en bougeant ses investissements ou son argent ailleurs ? Les autres investisseurs privés le pensent.
Avril a été le mois des plus gros achats nets d’or chez BullionVault depuis août 2013, avec une majorité d’acquéreurs étant britanniques. Les réserves totales des utilisateurs de la plus grande plate-forme d’échange des métaux précieux ont atteint 33,6 tonnes d’or. C’est plus que la plupart des stocks des banques centrales mondiales. Tout ça en physique, dans cinq coffres en dehors du système bancaire, dans des lieux tels que Londres, Zurich, Toronto, Singapour et New York.
Les investisseurs privés en Grande-Bretagne ont retiré en avril un milliard de livres sterling du marché britannique des actions. C’est un record, comme le montrent les chiffres de l’industrie de la gestion de fonds. Cela a fait peur aux courtiers qui ont vite affirmé qu’en ce moment, les actions avaient l’air exceptionnelles et que de toute façon, les entreprises cotées à Londres gagnent plus d’argent à l’étranger qu’ici. Donc maintenez vos investissements !
En fait, abandonner les actions avant une élection pourrait s’avérer être une bonne idée (ou pas). Notre analyse montre qu’historiquement, après 13 élections générales ces 50 dernières années, les prix des actions ont en moyenne chuté.
Le passé n’est pas un guide pour le futur et ce ne sont que des moyennes. De plus, 10 sur 13 élections depuis 1964 ont eu lieu au printemps. La baisse subséquente des actions pourrait simplement refléter un schéma saisonnier de « vente en mai ».
Mais les moyennes des marchés des équités montrent cependant une hausse initiale après une victoire des Conservateurs ou Tories. En effet, les actions britanniques n’ont affiché des gains que 5 fois sur 21, les 1,2 ou 3 mois après une victoire des Travaillistes ou Labours, depuis 1964. La hausse est survenue 12 fois sur 18 avec la victoire des Tories.
Comme le marché boursier anglais, les cours de l’or tendent à s’adoucir en été. La hausse moyenne de l’or les 1 à 3 mois après une élection est notable.
Les élections cette année pourraient offrir un résultat intéressant, aucun des deux grands partis ne pourrait gagner assez de sièges pour former un gouvernement. Une telle incertitude sur le futur de l’économie sous un gouvernement affaibli, une coalition compliquée, ou même une élection répétée voudront certainement dire pour les investisseurs qu’il faut se méfier des risques et chercher la sécurité.
Mais s’il y a un vainqueur évident, quel parti politique sera le meilleur pour les prix des actifs sur le long terme ? Vous pourriez répondre que les grandes tendances mondiales sont ce qui compte. Dans ce cas, pourquoi s’embêter à choisir entre les partis ? Est-ce que la crise financière mondiale n’a vraiment rien à voir avec les choix politiques ?
Les conclusions sur le long terme sont difficiles à prédire, car oui, les moyennes ont bien sûr été lissées par les tendances plus importantes des prix des actifs de ces dernières 50 années. Le taux de change de la livre sterling, par exemple, a été divisé par deux depuis 1965, alors que l’or, les prix des obligations et des équités et plus spécifiquement de l’immobilier ont constamment augmenté, dépassant tous l’inflation.
Toujours est-il que sous le gouvernement travailliste, la moyenne record est pire pour les livres sterlings, pour les gilts et notamment pour le marché des actions. La moitié de tous les résultats était pire, l’autre meilleure, en observant la médiane.
Le gain moyen pour l’or sous les Tories est aidé du fait de la hausse après la suppression en 1971 du rattachement entre les devises mondiales et l’or. Cependant, les épargnants britanniques font maintenant face à des incertitudes politiques et monétaires similaires à celles d’il y a 40 ans.
Dans les années 1970, les taux d’intérêt sont restés figés sous les taux d’inflation pour tenter de stimuler la croissance, et de diminuer la vraie valeur de la dette. Un retour aux mesures de « stop go » est une vraie menace, forcée cette fois-ci par des grandes promesses de dépenses pour satisfaire le besoin d’augmenter les taxes. Aucun des grands partis politiques ne gagnera probablement avec une très grosse majorité, car le consensus du pays est divisé.
Il est possible donc que la forte demande britannique d’avril pour l’or continue tout au long de l’été (en général une période très calme), avec les particuliers qui cherchent à protéger leurs investissements contre un résultat prolongé et embrouillé à partir du 7 mai. Les vrais problèmes ne feront que commencer.