L’Or : L’Offre vs l’Inflation
Le retard dans l’approvisionnement aurifère ainsi que l’inflation en hausse de la masse monétaire mondiale font grimper le cours de l’or…
APRES AVOIR atteint la barre des 740 dollars l’once vendredi dernier – le cours le plus élevé depuis les 27 dernières années, les prix de l’or sur le marché spot ont été de véritables montagnes russes.
Rebondissant à 736 dollars l’once par trois fois cette semaine, le prix de l'or a accusé une baisse de 1,6% lundi et mardi... suivi d’une baisse de 1,2% mercredi... et d'un recul de 0,8% jeudi.
Quelle sera donc la prochaine étape pour l’or, et par extension, la valeur des sociétés trackers tels que StreetTracks GLD.. qui détiennent maintenant plus d’or que la banque centrale du Japon? (Les clients de BullionVault détiennent maintenant plus d'or que la banque du Canada. À la différence des actionnaires de GLD, ils sont les propriétaires légitimes - à des coûts moindres - de leur or “physique”)
L’or franchira-t-il le seuil des 736 $ avant le weekend et nous fournira-t-il des gains pour la sixième semaine consécutive? Ou va-t-il nous décevoir cette fois-ci?
“Nous pensons qu’après la crise bancaire que nous avons constaté depuis la mi-août, une correction serait très probable " note John Reade, stratégiste en métaux précieux chez UBS à Londres, "particulièrement à la lumière du grand nombre de positions longues détenues aux Etats-Unis”
Reade a conseillé mercredi à ses clients de délaisser l'or pour la platine, faisant état de l’accroissement des positions spéculatives dans les ‘futures’ d'or de Comex. Ils représentent maintenant un investissement long égal à 545 tonnes de lingots d'or.
Les positions longues détenues par les traders spéculatifs de Comex étaient à peine la moitié de cette taille avant la montée subite de 12% des prix de l'or de la mi-août - le jour même de la réduction des taux d'intérêts par la Réserve Fédérale des Etats-Unis. Et tandis qu’une accumulation des ‘longs’ de Comex pourraient indiquer une « apogée », la FED continue à injecter de la liquidité dans les marchés monétaires de New York.
Les homologues de la FED à Francfort en font maintenant de même, et la banque d’Angleterre offre maintenant des prêts à court terme et accepte aussi les obligations d’hypothèque en tant que garantie.
Comme le remarquait Le Docteur Marc Faber, rédacteur de Gloom, Bloom & Doom à une conférence de la CLSA à Hong Kong la semaine dernière, “ les investisseurs doivent maintenant se tourner vers des actifs qui ne peuvent se multiplier aussi vite que la vitesse à laquelle la FED imprime les billets de banque.”
Comme valeur refuge, il conseille l'achat d’or ou de terrains agricoles. Et tandis qu’ils n’en font rien, Toronto Globe & Mail rapporte que l’offre mondiale de lingots d’or fait face à des vents contraire.
S’adressant au Denver Gold Forum, Richard O'Brien, le PDG de Newmont Mining - la deuxième plus grande compagnie d'exploitation aurifère au monde - a déclaré mercredi que ses coûts de production sont appelés à dépasser les précédentes prévisions de 400 $ l’once.
A l’annonce de cette nouvelle, les actions de Newmont ont chuté de 7%. Mais le plus gros problème pour l'industrie aurifère demeure le manque de nouveaux gisements d’or.
Des rumeurs circulant à l’effet que BHP Billiton - deuxième plus grand groupe d’extraction diversifié - aurait découvert un important stock de métal à la mine d’Olympic Dam, dans le sud de l’Australie, aurait amené le groupe BHP à réviser ses estimations de réserves à la baisse par moins de 10 %.
Durant sa présentation, O’Brien de Newmont devait aussi ajouter: “Année après année, nous pensons que la croissance de l’industrie se fait péniblement. En fait, nous pensons que l’industrie ne croît plus. Il y a un manque de croissance au niveau de la production.”
Barrick Gold, le plus grand producteur d’or, a lui aussi, annoncé aux délégués que ses coûts de production sont à la hausse. Suite au rachat de Placer Dome et avec un programme de réductions des dépenses, les coûts de l’extraction minière du troisième trimestre seront les plus hauts pour l’année 2007, a averti Deni Nicoski, vice-président des relations investisseurs.
Ironiquement, devait-il ajouter, les cours ascendants de l’or, qui génèrent une hausse des frais de redevance, ne font qu’amplifier les coûts opérationnels de Barrick.
“Il ne fait pas de doute qu’il devient plus difficile de remplacer les réserves et ressources complètement exploitées” devait ajouter le vice-président Alex Davidson – une dure réalité pour l’industrie aurifère mondiale – étant donné le constat que fait le secteur du cours de l’or.
“Je pense que nous toucherons le seuil des 800 $ avant la fin de l’année”, devait indiquer Greg Wilkins - PDG de Barrick - aux journalistes présents à Denver hier.
En contrepartie, la vente historique de three-month money à la Banque d’Angleterre mercredi n’a fait l’objet d’aucune demande. Facturant un « taux de pénalité » de 6,75 % - 100 points au-dessus du taux de base de la Banque d’Angleterre - la vente n’a pas trouvé preneurs.
Ben Broadbent de Goldman Sachs pense que “C’est certainement une bonne nouvelle,” car cela implique que tout le monde à Londres cherchant des fonds à court-terme est maintenant jugé solvable par les bailleurs de fonds du marché libre. En effet, le taux interbancaire à trois mois du City a chuté brusquement pour atteindre 6,32 %.
Mais cela veut-il vraiment dire que les banques londoniennes sont maintenant en train d’obtenir l’argent dont elles ont besoin dans la City ? La FED a injecté jeudi 5 milliards de dollars dans le marché de liquidité à court terme à New York – qui ramène la somme totale de prêts à 198 milliards de dollars pour le mois de Septembre. La majorité des prêts s’est faite durant la nuit mais les banques londoniennes, à travers leurs filiales américaines, auraient pu faire acquisition des offres de 14-day cash à plus de 150 points de base en-dessous du taux de pénalité de la Banque d’Angleterre.
D’après un rapport paru dans le Financial Times Deutschland, les banques londoniennes faisaient exactement cela à Francfort au début du mois. Et tandis que ce mercredi, le taux d’intérêt de 6,75% à l’emprunt offert par la banque d’Angleterre ne trouvait pas preneur, la banque européenne centrale, quant à elle, devait consentir des prêts de l’ordre de 5.5 milliards de dollars à un taux de 5% - sa plus grande enchère depuis voilà trois ans.
Evalué à 100 points de base au-dessus du taux d’intérêt de l’objectif fixé par le BEC, cette vente a proposé un rabais de 1,75% comparée aux prêts à court terme de la banque d’Angleterre. Point de précision de la BEC concernant les banques ayant eu besoin de cet argent, laissant aux analystes le soin de deviner qui seraient celles incapables de ‘lever’ des fonds sur le marché libre – tant à Londres qu’en Europe.
« Nul ne sait où sont enterrés les cadavres », devait pour sa part ajouter Stuart Thomson, gérant d’obligations financières d’une valeur de 46 milliards de dollars chez Resolution Investment. Et aussi longtemps que la Banque d’Angleterre maintiendra son taux de pénalité de 1,75% supérieur à celui de Francfort, elle se retrouvera avec une salle de vente vide.
Accepter de l’aide au coût élevé proposé par les banques centrale de la G5 serait sans nul doute admettre l’arrivée d’un malheur imminent. Le cas du Northern Rock en est un exemple parfait.
Quant au Docteur Marc Faber, comme rapporté par le magazine Finance Asia, « il recommande l’entreposage d’or dans des pays tels l’Inde, Hong Kong et la Suisse – des pays montrant de bonnes dispositions envers l’or. » « Il déconseille cependant de conserver de l’or aux Etats-Unis, de peur que cet or ne soit nationalisé par le gouvernement. »