L’or en baisse sur cinq trimestres
Qui faut-il remercier pour cela ?
« Que se passe-t-il avec les cours de l’or ? Pas de hausse en tout cas », écrit Adrian Ash pour BullionVault.
- L’or s’oriente vers sa plus longue période de perte depuis 1997, a remarqué BusinessWeek.
- Les retraits d’or de Shanghai atteignent des records après les signes de plus forte demande, a ajouté Bloomberg.
- Les réserves d’or de la Chine ont augmenté de nouveau en août, selon un article de Reuters.
Ces événements ne sont pas déconnectés. La demande en or de la Chine est énorme (bien que moins énorme pour les utilisateurs finaux que ce que les données brutes de la Bourse de Shanghai suggèrent). Mais ce volume important n’a pas su arrêter le recul des cours cinq trimestres de suite, et encore moins les faire grimper.
Pourquoi ?
Certains négociants et bloggeurs indiquent qu’ils voient des forces obscures manipuler les prix, pour stopper la demande chinoise et pour pousser l’or à la hausse et révéler la faillite des monnaies fiat de l’Occident.
Peut-être.
D’autres commentateurs, qui ont du mal à réconcilier ceci avec la réalité, mais cherchent à comprendre ce qui se passe en coulisse, suggèrent que la Chine et les Etats-Unis sont de mèche pour laisser les prix baisser afin que Pékin puisse acquérir une énorme réserve de métal jaune, et donc prendre sa place dans l’ordre financier mondial sans perturber les marchés.
Et nous ? Prenons les faits tels qu’ils sont : la demande chinoise a bondi alors que les prix ont chuté. Donc au lieu de pousser les cours de l’or à la hausse, les 1,3 milliard de chinois ont en fait répondu aux prix, achetant davantage lors des réductions.
La demande super capitaliste de la Chine pour l’or a commencé à grimpé avant le krach des prix en 2013. La haine de l’or par les communistes s’est alors muée en une affection immodérée rappelant l’amour historique du pays pour le métal, qui restera encore pour longtemps, comme les habitudes indiennes envers l’or.
Relisons les trois gros titres du début de l’article. Ils sont connectés. Les achats d’or par la Chine se sont accélérés alors que la demande d’investissement en occident a reculé depuis 2011. Cela s’est avéré très utile pour les investisseurs occidentaux qui voulaient réduire ou liquider leurs positions à mesure que la crise semblait s’atténuer. Cela a aussi confirmé la valeur de l’unique mélange de sources de demande mondiale de l’or pour ces mêmes investisseurs occidentaux.
Quand d’autres gold bugs moins enthousiastes ont vendu et ont laissé les prix baisser ou les ont forcé, le gros appétit chinois pour le métal s'est entendu avec ceux qui en avaient les moyens pour endiguer la baisse.
Nous sommes maintenant éloignés du pic de septembre 2011 de 40%. Ça fait mal. Mais quatre ans après l’ancien pic de l’or en janvier 1980, le prix avait perdu plus de 55%. A l’époque, la Chine communiste n’avait pas fait d’achat d’or, bloquant l’accès de ses citoyens au marché mondial. Les achats de l’Inde socialiste étaient moins pénibles aussi, grâce aux contrôles de changes et aux restrictions qui n’ont pas été levées avant le début des années 1990.
Avance rapide sur les cours d’aujourd’hui : l’or marque la fin septembre avec son cinquième trimestre de baisse de suite. Ce n’est pas la période de baisse la plus longue depuis 1997, comme l’indique BusinessWeek, mais seulement depuis 1999, comme le montre les données du cours officiel de Londres.
La veille du nouveau millénaire a aussi masqué la veille du retour de l’or, après cette période de traversée du désert car vu comme de l’exotisme financier quand l’Occident et l’Orient considéraient le métal jaune juste bon pour les breloques et les babioles.
Les marchés boursiers mondiaux ont perdu 10 milles milliard de dollars US en valeur durant ce trimestre. Si ce krach des actions fait que l’or ne perd que 3,5% au même moment, les investisseurs occidentaux en or devraient peut-être être reconnaissants que la demande chinoise a répondu pour aider à garder les prix là où ils sont, plutôt que de les voir plus bas encore. Cette baisse offre une histoire que les négociants et les bloggers utiliseront pour prévoir très bientôt d’énormes gains de prix, vous allez voir.
Il s’agit peut-être d’un point de vue arrogant et colonialiste. D’une vue vaguement marxiste de l’histoire et entièrement non prouvée, certainement. Mais c’est un fait tout de même.