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Et si nous revenions à l'étalon-or ?

Certains de nos gestes du quotidien

sont tellement répétitifs et admis que nous les faisons sans même y penser. Prenez l'argent par exemple. Quoi de plus quotidien ? Pour acheter du pain, un journal, pour payer vos impôts, vos factures, pour recevoir votre salaire, l'argent entre en compte. Il fut un temps où acheter avait un sens matériel indéniable : vous donniez quelques pièces d'argent ou d'or et en échange vous receviez un mouton, une vache ou des oies, écrit Cécile Chevré pour La Quotidienne de MoneyWeek.

Puis sont arrivés les lettres de change, les billets de banque puis les chèques. Les monnaies fiduciaires ont pris de l'importance et l'argent s'est progressivement dématérialisé. Que vaut vraiment votre chèque ? Ce n'est qu'un bout de papier sur lequel vous avez inscrit en toutes lettres un nombre...

Aujourd'hui, quand je commande un livre électronique sur Amazon, j'achète avec de l'argent dématérialisé un produit qui l'est tout autant. Nous sommes dans une ère dans laquelle l'argent est une série de 0 et de 1. C'est parfois très pratique mais c'est aussi la porte ouverte aux montages financiers qui nous explosés au nez en 2000 ou en 2008. Bref, en tant que moyen d'échange, la monnaie a pris un sérieux coup dans l'aile.

Passons maintenant à la seconde principale utilisation de l'argent : stocker votre travail, votre richesse. Bon... pas de besoin d'être un gourou de l'économie pour comprendre pourquoi, dès que nous le pouvons, nous nous dépêchons d'acheter des choses réelles (des maisons, des terres, des objets, de l'art...) avec l'argent immatériel que nous avons sur notre compte en banque. Tout simplement parce que nous savons intuitivement que c'est la seule façon de nous protéger contre l'inflation. Plus personne n'est assez fou pour confier aux monnaies fiduciaires un rôle de stockage de richesse.

En finir avec les monnaies fiduciaires
Faut-il en finir avec les monnaies fiduciaires ? Alors que l'inflation fait rage, alors que les monnaies sont dévaluées par leurs banques centrales, alors que la Fed imprime des milliards de dollars pour éponger des dettes, certains réclament le retour de l'étalon-or et des transactions fondées sur du tangible. Après tout, pourquoi pas ?

La nature fait bien les choses. Elle a une réponse toute trouvée à l'échec de nos monnaies fiduciaires : l'or !

Contrairement aux écus, au dollar, à l'euro ou à la livre sterling, la valeur de l'or est restée a peu près stable à travers les âges. C'est une des grandes analyses de Simone Wapler : acheter un cheval au XVIIe s. ou une voiture aujourd'hui vous coûtera à peu près la même quantité d'or. Et aujourd'hui, alors que l'inflation menace de plus en plus, l'or a pleinement retrouvé, ou confirmé, son rôle de stockage de la richesse.

Le retour de l'or comme moyen de paiement ?
Mais le problème, c'est qu'en tant que moyen de paiement, l'or n'a pas vraiment la cote. Je me vois mal me rendre au Monoprix le plus proche avec une bourse remplie de pièces d'or. Le caissier risque d'être un peu surpris. Alors certes dans la vie courante, l'or n'a pas retrouvé sa place en tant que moyen de paiement mais cela ne veut pas dire qu'il ne va pas progressivement le redevenir.

Les devises en or numérique (DON) ont un certain succès depuis quelque temps. Le principe est simple : une monnaie convertible en or. Vos transactions reposent alors sur de l'or physique conservé dans le coffre d'une des sociétés qui proposent ce service.

D'autres initiatives montrent que l'or est progressivement en train de récupérer son rôle de moyen de paiement. Certains pays, dont de nombreux émergents et les pays producteurs de pétrole, réclament la création d'un panier de devises contenant aussi de l'or et qui pourrait servir d'alternative au dollar comme monnaie de référence.

Or vs. humain
Le principal argument contre le retour à l'étalon-or est qu'il n'y a pas assez d'or physique dans le monde pour l'utiliser comme monnaie de référence. Ce qui est d'autant plus vrai que depuis que la Fed et les autres banques centrales se sont lancées dans des politiques de taux zéro associées à des rachats d'obligations souveraines, nous nageons dans un océan de liquidité. Conséquence d'une financiarisation à l'excès de nos économies.

Comment devrait évoluer une monnaie ? Dans l'absolu, la masse monétaire en circulation devrait augmenter pour accompagner la croissance économique mais aussi l'augmentation de la population.

Or comme l'a montré mon collègue britannique Dominic Frisby, la quantité d'or disponible par être humain n'a pas réellement varié dans le temps.



Sur le graphique ci-dessus, vous pouvez constater que la production d'or (en jaune) correspond presque parfaitement à l'augmentation de la population (en noir). Au cours des 300 dernières années, il y avait environ 3/4 d'once d'or par individu sur terre. Ce rapport est ensuite passé à deux onces par individu pour retomber ces dernières années à 1 once.

Une telle corrélation explique en grande partie pourquoi l'or a conservé une valeur stable au cours dans le passé. Et aussi pourquoi nous n'arrivons pas à nous défaire de l'idée que l'or est une monnaie, et la plus sûre qui soit en plus.

La conclusion, vous la connaissez, achetez de l'or physique !

Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’EPHE et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’INTD. Cécile Chevré participe à la rédaction de la Quotidienne de MoneyWeek, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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