Ce vieux discours de l’or contre la dévaluation du système monétaire romain
Veni, vedi, inflationi ou quelque chose comme ça, alors que la débauche du dollar US continue…
« Le gestionnaire de fonds de plusieurs milliards de dollars, Jeff Gundlach chez DoubleLine Capital, estime que le cours de l’or pourrait atteindre 1 500 dollars l’once d’ici la fin de l’année », écrit Adrian Ash pour BullionVault.
Ses raisons ? Mise-à-part un rétablissement des cours de l’or à partir de la chute de l’an passé, il montre du doigt la dévaluation continue du dollars US, la première devise du monde.
Présentation de Jeff Gundlach pour DoubleLine Capital
Le fondateur de DoubleLine n’est pas le premier gestionnaire d’argent de renom à comparer la valeur décroissante du dollar avec ce que la Rome Antique a fait avec son système monétaire basé sur l’argent métal. Vous pouvez consulter son graphique dans Businessinsider. Mais Gundlach est certainement le plus mainstream des fans d’or que nous avons vus depuis un moment.
Cela s’annonce bien pour de plus larges intérêts dans les métaux précieux. L’industrie et les propriétaires de long terme auraient bien besoin de nouveaux flux d’investissement.
Sur le court terme, le point de vue de DoubleLine risque de tomber dans le même piège que celui des autres anxieux de l’inflation en 2009-2012. Il y a beaucoup de ruines dans la devise de réserve numéro un. L'inflation record des prix à la consommation n'a pas encore égalé « la plus grande inflation de crédit dans l’Histoire financière, une hyperinflation de crédit » (comme l’a qualifié l’ex stratège de la Société Générale Dylan Grice en fin 2012).
Ce qui ne fait pas de l’achat d’or un problème ou une erreur en soi.
Mais avec le recul d’aujourd’hui et la perte de 25% l’an passé, les acheteurs d’octobre 2012 semblent certainement précoces. Une tendance de long terme ne garantit pas un résultat de court terme. Et même quand une dévaluation ne prend pas les allures de l’inflation, elle ne sera « ni suffisante ni nécessaire pour faire augmenter les prix de l’or », comme l’a indiqué en fin 2013 l’analyste d’UBS Andy Smith, qui a lui aussi comparé l’Amérique moderne avec la Rome Antique.
« Tout ce que je vois est identique », a écrit Grice en octobre 2012. « Plus de dévaluation de la monnaie, plus de conséquences involontaires et plus de troubles sociaux. Je reste très haussier sur les valeurs refuge ».
L’or est simplement l’une des valeurs refuge. Mais il a baissé de plus de 25% depuis que Grice a écrit cette note sur la façon dont la dépréciation de la devise pourrait conduire à une dégradation sociale. Les marchés boursiers mondiaux, au contraire, ont augmenté de 45%. Les prix de l’immobilier US ont récupéré presque la moitié de leur baisse, rebondissant vers les niveaux de 2004. Le prix des obligations de la zone euro plus faible a augmenté, poussant les taux d’intérêt encore plus bas.
Je suis plus inquiet comme je ne l’ai jamais été avant concernant la tempête qui se prépare aujourd’hui, a affirmé Grice il y a 20 mois. « Ce qui pourrait être l’indicateur contraire le plus merveilleux que vous pourriez espérer… »
Est-ce que Gundlach a tort aujourd’hui ?
Grice n’avait pas forcément tort en 2012. Ce qu’il appelait « la plus grande inflation de crédit dans l’Histoire financière, une hyperinflation de crédit » a, au lieu, de cela continué, poussant les prix des actifs vers la hausse et écrasant les taux d’intérêt. Mais elle n’a pas encore touché à la valeur de la monnaie elle-même.
Peu d’analystes ou d’investisseurs s’attendent maintenant à une inflation du style de Weimar ou un chaos social comme au Moyen Âge. Les banquiers centraux ont montrés des signes subtils de changements possibles des taux d’intérêt... à venir peut-être un jour. Ceci ajoute au consensus que rien de bien méchant n’est sorti de l’assouplissement quantitatif. En ce qui concerne la perte du statut de devise de réserve majeure du dollar US : le privilège, ou le fardeau, qui permet à l’Once Sam d’emprunter autant qu’il veut avec une presse à billets prête à repayer, il a fallu deux guerres pour pousser la livre sterling de son piédestal il y a un siècle… Plus bien sûr une volonté d’accepter le rôle des Etats-Unis et de son dollar.
La Chine ne remplace pas pour le moment les Etats-Unis. Mais Pékin a au moins laissé sa devise récupérée de la brusque baisse du printemps contre le dollar. Avant le vote de mercredi de la Fed sur les taux d’intérêt, le yuan a atteint cette semaine des pics de deux mois.
Revenons sur la situation dans son ensemble, le but de l’or vraiment, avec la chute d’une devise qui alimente la chute d’une société, qui serait un sujet de psychologie a indiqué Andy Smith dans sa comparaison avec Rome. Le regard sévère de Smith a déprimé les observateurs. Puis, la comparaison de Gundlach plus mainstream a bien commencé et a réveillé une psychologie positive envers l’or, encourageant des investisseurs à appréhender l’investissement dans l’or sous un nouveau jour, alors que l’idée de dévaluation de devises pourrait conduire à l’explosion de la devise si elle est trop considérée comme une situation faisant partie du passé.
Après tout, nous sommes tellement plus intelligents et plus en sécurité que les romains de l’Antiquité, n’est-ce pas ?