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Aucune monnaie ne résiste au rouleau compresseur de l'or

L'or a battu un record absolu en euro, à plus de 1 000 euros l'once.

L'or progresse dans toutes les grandes monnaies fiduciaires. En livre, en euro, en yen, en dollar, et même en franc suisse, écrit Simone Wapler pour L'Edito Matières Premières & Devises.

Seule les "monnaies matières" résistent
Comme prévu, c'est seulement dans les monnaies "matières premières" comme les dollars canadien ou australien et le real brésilien que sa progression est la plus faible. Le marché commence à n'apprécier que les monnaies adossées à des actifs tangibles et non des dettes.

Côté indicateurs
Il y a quelques semaines, je me suis appuyée sur 3 de mes 5 indicateurs pour vous dire que l'or terminait sa consolidation. Depuis l'or a à enregistré un nouveau record : 1 250 $ et 1 000 euros l'once.

Parmi mes indicateurs, le stock de l'ETF américain SPDR Gold (symbole GLD sur le New York Stock Exchange). Au début de l'année, le stock physique de GLD a très légèrement décru, passant de 1 112 tonnes d'or à 1 107 tonnes. Mais voici que les capitaux afflux à nouveau massivement et que le stock repart à la hausse, à 1 186 tonnes. Avec une hausse de 20 tonnes dans la seule journée du 5 mai.

Les gourous, toujours acheteurs sur l'or
Signalons que le fonds de Georges Soros (Soros Fund Management LLD) s'est, en fin d'année 2009, porté acquéreur de 6,2 millions de certificats pour une contrevaleur de 663 millions de dollars. Même si Soros parle de la "bulle ultime de l'or", il reste acheteur.

John Paulson détient quant à lui une position cinq fois supérieure.

Mes indicateurs ?
Concernant mes autres indicateurs : le ratio or/pétrole s'améliore. Le cours des actions minières a suivi sans exagération la hausse de l'or. Le ratio or/argent est redescendu de son niveau de presque panique. De 70 il est revenu un peu au-dessus de 65, dans l'espoir d'une solution de la crise grecque. Enfin, le nombre de positions spéculatives à la baisse des traders commerciaux du Comex américain est repassé sous le niveau de 50% des positions ouvertes.

Difficile de ne pas aimer l'or en ce moment
Il est difficile en ce moment de trouver une bonne raison pour ne pas aimer l'or. A chaque début de consolidation une foule ardente se presse vers le métal fin.

La société Edmond de Rothschild commentait dans sa note trimestrielle : "l'or nous semble toujours sous détenu dans les patrimoines individuels et les portefeuilles d'actifs financiers" et conclut sur une persistance de la demande d'or d'investissement pour 2010.

Du côté de l'offre, le recyclage et la production minière stagnent.

Où est l'effet de levier des minières ?
Comme le mois dernier, je considère que le point d'entrée sur les minières aurifères reste favorable.

Cependant, une dépêche de Bloomberg commentait le parcours décevant des minières de l'indice Standard & Poors par rapport à l'once d'or.

L'agence de notation américaine attribue cette sous-performance au fait que les investisseurs ont maintenant la possibilité de détenir des ETF.

Auparavant, ceux qui étaient éloignés du marché de l'or physique se rabattaient sur les actions minières "par défaut".

Maintenant, dans le marché haussier actuel, ils ont délaissé les minières pour se porter sur ces nouveaux instruments que sont les Exchange Traded Funds (ou Exchange Traded Gold) qui se sont lancés en 2006.

Il me semble que cette explication n'est pas suffisante
Tout d'abord, le gros du bataillon des ETF est encore formé d'investisseurs institutionnels qui ont facilement accès à tous les marchés.

Ensuite, la philosophie de l'investissement dans les minières ou dans le métal physique est très différente.

Dans le métal physique, il s'agit d'un placement et non d'un investissement. Le placement vise avant tout la préservation du capital et non le rendement.

Inversement, investir dans la mine c'est investir sur le business de l'or, chercher du rendement quitte à prendre des risques.

Enfin et surtout...
Je pense que l'explication se trouve tout bonnement dans la gestion décevante des grosses minières. Durant les 20 années (1981-2001) de traversée du désert avec des prix de l'or en recul, les grosses minières n'ont pas investi en prospection et développement et se sont couvertes par des contrats de vente à terme.

Les grosses capitalisations paient 20 ans d'inertie
Lorsque la hausse de l'or s'est accélérée, les investisseurs ont vu que la production de ces grosses minières ne pouvait tout simplement pas suivre et que ce qui était produit était vendu à des tarifs désavantageux puisque les contrats à terme couraient toujours. D'où les piètres performances boursières des Barrick, Newmont et autres grosses entreprises.

Le rendement n'étant pas au rendez-vous, les investisseurs n'avaient donc aucune raison de prendre des risques.

Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart's... Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements « tangibles ». Elle analyse chaque mois le secteur aurifère et les marchés étrangers dans la lettre d'investissement Vos Finances - La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l'Edito Matières Premières ou dans différents rapports d’investissements.

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