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Angela Merkel accepterait la mutualisation des dettes bancaires

Furie haussière enclenchée vendredi en début d’après-midi

" Angela Merkel semble avoir inscrit la mutualisation des dettes bancaires dans la liste des cadeaux qu’elle accepte de consentir aux marchés ", écrit Philippe Béchade pour La Chronique Agora.

Tout du moins est-ce ainsi qu’ils ont interprété le communiqué laconique de Jean-Claude Juncker vendredi aux premières lueurs de l’aube.

Les Européens se seraient dotés d’une feuille de route pour rompre le cercle vicieux “endettement des banques/endettement des Etats”… par le biais d’une recapitalisation directe des banques par le MES.

Sauf que le MES n’existe que sur le papier. Il n’est pas encore doté du premier euro… n’a pas encore édicté de règles en matière de garanties apportées par les emprunteurs… ne serait activé qu’en cas d’unanimité des 16 membres de l’Eurozone — ce qui laisse à l’Allemagne la possibilité de bloquer l’attribution des fonds.

Mais aucun des ces “petits détails” n’a été jugé de nature à tempérer l’euphorie ambiante, ni en Europe, ni à Wall Street.

▪ Paris sauve sa saison boursière
Une véritable furie haussière s’est enclenchée vendredi en début d’après-midi. Le CAC40 est repassé de 3 125 à 3 196 points (4,75%) ; ainsi Paris “sauve sa saison” boursière au cours de la dernière heure de cotations : de -4% jeudi matin, l’année boursière est devenue positive de 1% en 17h30 et de 1,2% à 17h35.

De nombreux commentateurs se sont félicités de voir les volumes prendre de l’ampleur à Paris. Mais compte tenu de l’énormité des écarts à la hausse, un total de 4,6 milliards d’euros échangés (dont 600 millions au fixing) peut apparaître extrêmement faible — cela fait moins de 1 milliard d’euros par pour-cent gagné.

Et puis surtout, un volume voisin de 4 milliards d’euros n’a rien d’exceptionnel pour une séance de fin de trimestre, propice à de multiples arbitrages entre OPCVM.

▪ Les indices américains finissent en beauté eux aussi
Les indices américains finissent eux aussi le mois de juin et le premier semestre en beauté. La quasi-totalité des gains du mois écoulé (3% pour le Nasdaq sur 3,8%) ont été engrangés à l’issue de cette seule séance de vendredi.

Sans ce petit miracle, le bilan boursier aurait été très voisin de 1% en moyenne et considéré comme insignifiant. Le S&P a pris 2,5% sur les 3,5% engrangés depuis fin mai.

Les opérateurs se sont totalement désintéressés du repli de 0,1% des dépenses des ménages américains au mois de mai — les revenus progressant de 0,2%. Le PMI de Chicago est ressorti inférieur aux prévisions et la confiance des ménages américains a également été revue en baisse à 73,2 fin juin contre 79,3 en mai — au plus bas depuis décembre dernier.

La dernière séance du premier semestre a permis de propulser les scores annuels de 5,8 à 8,3% pour le S&P et de 10 à 12,65% pour le Nasdaq.

Difficile de se convaincre que la Fed pourrait juger urgent de soutenir Wall Street par un QE3 (ou autre stimulus monétaire) parce que les actions sont tellement sous-évaluées (elles ne sont qu’à 4 ou 5% de leurs sommets annuels).

▪ Le pétrole explose
La plupart des opérateurs interviewés à la clôture des transactions ce vendredi à Wall Street ont salué la hausse de 2,5% des indices américains. Mais ils ont surtout commenté abondamment l’explosion sans précédent du prix du baril de pétrole sur le NYMEX : 9,2% en quelques heures, à 84,85$.

Il s’agit de la plus forte hausse depuis le 6 juin et le 4 novembre 2008 (8,4% et 10% respectivement). Aucune autre hausse ne s’est avérée supérieure à 9% depuis fin 2005.

De l’avis de tous les spécialistes, ce sursaut provient d’un mouvement massif de short covering lié à l’effet de surprise de l’accord européen sur le MES et n’est en rien lié aux fondamentaux.

Aucun chiffre économique publié vendredi ne l’explique, ni une quelconque variation de l’offre de l’OPEP, ni la moindre tension géopolitique.
Tout est lié à de la spéculation pure et simple, à des paris perdus sur l’échec du sommet de Bruxelles et sur la poursuite de la récession.

Cette anticipation d’un ralentissement économique — qui a peu de chance de s’inverser par la magie du renflouement des banques espagnoles — a également entraîné des rachats de shorts sur les métaux industriels en général et le cuivre en particulier (5%).

En termes de volumes de capitaux échangés, le marché des changes a connu une journée animée avec un euro repassé de 1,2450 à 1,2690 $.

Là encore, beaucoup de short sur l’euro et un effet ketchup à la hausse amplifié par la proximité d’une échéance semestrielle.

Mais tout comme pour le pétrole, il y a eu beaucoup de technique et peu de fondamental dans ce rebond échevelé. Ce scénario ressemble comme un jumeau à la séance miracle du 27 octobre 2011, nous saurons d’ici vendredi ce qu’il en est.

Philippe Béchade rédige depuis dix ans des chroniques macroéconomiques quotidiennes ainsi que de nombreux essais financiers. Directeur de la rédaction aux Publications Agora et intervenant quotidien sur BFM depuis mai 1995, il est aussi la 'voix' de l'actualité boursière internationale sur RFI depuis juin 2002. Analyste technique et arbitragiste de formation, il fut en France l'un des tout premiers 'traders' mais également formateur de spécialistes des marchés à terme.

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