Quelles solutions pour l'Italie et la zone euro ?
"Le gouvernement Berlusconi en jeu
, les marchés pèsent sur la dette italienne", titre Le Monde. Cela sent le roussi du côté de l'autre côté des Alpes. Et comme d'habitude, cela ne présage rien de bon pour l'Europe, écrit Cécile Chevré pour La Quotidienne d'Agora.
Nous avons l'impression d'être dans la cabine de commandement du Titanic. A l'extérieur, les passagers prennent de plus en plus conscience du drame qui se prépare – ils sont de moins en nombreux à valser et à sabrer le champagne. Le naufrage est lent mais inexorable, et nous ne pouvons rien y faire à part envoyer des rapports paniqués au continent.
Aujourd'hui, c'est l'Italie qui retient toute notre attention. Le pays est clairement entré dans la tourmente. Ses rendements obligataires ont atteint près de 6,73% ce matin. Et, vous le savez, le seuil des 7% est considéré, à juste titre, comme un niveau insupportable pour les Etats. La Grèce est passée par là, l'Italie, l'Espagne et le Portugal aussi et cela ne leur a vraiment pas réussi.
En comparaison, l'Allemagne emprunte à 1,8% sur 10 ans, soit près de 75% moins cher que ce que doit payer l'Italie.
Les marchés paniquent donc sérieusement. Ceux qui possèdent des obligations italiennes – et la France en possède énormément – commencent à se dire qu'ils n'ont peut-être pas investi sur le bon cheval et que l'Italie n'est peut-être pas un emprunteur si fiable que cela. Bref, ils veulent un rendement plus important pour continuer à prêter à la Botte.
Et encore, la BCE a fait il y a quelques jours l'achat de près de 80 milliards d'euros d'obligations souveraines – ce qui avait, pendant un court moment, relâché la pression des marchés.
Mais voilà, Mario Draghi, le nouveau président de la BCE, a annoncé qu'il arrêtait les rachats d'obligations souveraines. Ce qui revient à cesser de transfuser, nourrir et oxygéner un patient en phase terminale.
La spirale de la dette
Or l'Italie a un gros problème de dettes. Le pays est le troisième émetteur d'obligations souveraines au monde – derrière les Etats-Unis et le Japon. Nos voisins transalpins doivent se refinancer pour 37 milliards d'euros d'ici la fin d'année. Et il leur faudra trouver 307 autres milliards en 2012.
Cette année, l'Italie a emprunté à un rendement moyen de 4,15%. Ce qui signifie qu'elle devra s'acquitter de 54,4 milliards d'euros d'intérêts, dont 12,7 milliards qui seront dus dès 2012.
Une parfaite illustration de la spirale de la dette...
Berlusconi, dehors !
Depuis hier, la rumeur d'une démission de Berlusconi circule sur Internet et de nombreux médias. Une rumeur qui a été démentie par le président du Conseil italien mais qui réjouit manifestement les marchés – en hausse ce matin.
Berlusconi apparaît de plus en plus isolé, non seulement en interne (un vote de confiance doit avoir lieu cet après-midi) mais aussi au niveau européen. Sarkozy et Merkel n'ont pas caché une certaine exaspération face au Cavaliere.
En cause : la contagion, encore et toujours. L'Italie est la troisième plus importante économie européenne. Pour dire les choses très clairement : l'Italie ne doit pas faire faillite. Tout simplement parce que même l'action conjointe du FMI, de l'UE et de la BCE ne pourrait pas la renflouer.
Le problème, c'est que l'on n'arrête pas si facilement un naufrage, surtout quand le navire prend l'eau de toutes parts.
Voici les termes de cette équation infernale :
un endettement monstre + une croissance faible
+ un gouvernement fragilisé (et sur le point de tomber)
= catastrophe en perspective
Quelles solutions à court terme ?
Puisque la BCE a cessé ses rachats d'obligations souveraines, les solutions restantes ne sont pas légion. Mario Draghi risque de devoir revenir rapidement sur cette décision. De même, la question de l'émission d'euro-bonds pourrait revenir sur le tapis.
La BCE pourrait baisser à nouveau ses taux courts dans l'espoir de favoriser le crédit et de relancer la croissance. Une solution dont la portée est limitée – et donc l'échec presque total a été démontré aux Etats-Unis.
Autre possibilité dont la probabilité augmente de jour en jour : que la BCE fasse ouvertement de l'impression monétaire pour aider la zone euro.
Ces mesures entraîneront une forte chute de l'euro face aux autres devises, et pourraient dans le meilleur des cas donner un coup de fouet à la compétitivité exportatrice de la zone euro. Et dans le pire, encourager l'inflation et même l'hyperinflation. Un jeu dangereux.
Quelles solutions à long terme ?
L'Europe devra passer par la plupart de ses solutions à court terme. Mais cela ne résout pas le problème à plus long terme.
Nous avons déjà évoqué les différentes possibilités de résolution de crise, je vais donc simplement vous les rappeler :
1. La scission de l'euro entre un euro du Nord (autour de l'Allemagne) et un euro du Sud (autour de la France). Une telle décision ne réglerait évidemment pas les problèmes pour l'"euro du Sud", plombé par les dettes souveraines et à la merci des marchés.
2. Réintroduire en parallèle les monnaies nationales. Cette autre solution verrait l'euro survivre sous forme de monnaie commune, utilisée dans les échanges internationaux. Les monnaies nationales (drachme, franc, deutschemark, etc.) seraient de nouveau utilisées en interne. La persistante rumeur d'impression de marks par l'Allemagne irait dans ce sens.
Cette solution permettrait à chaque Banque centrale de décider de sa politique monétaire.
3. Sortie d'un ou plusieurs pays de la zone euro. La semaine dernière, nous avons vu que le coût d'une sortie de l'euro est bien plus supportable pour les économies fortes que les faibles. L'Allemagne et les pays du Nord pourraient donc être tentés de quitter la zone euro.
Evidemment, ceux qui resteraient dans l'union monétaire n'en seraient pas pour autant sauvés mais pourraient appliquer une politique commune plus adaptée à leurs besoins.
Comme je l'ai déjà dit, les conséquences politiques d'une telle décision seraient forcément d'une grande ampleur. L'Union européenne, sans le moteur franco-allemand, risquerait de ne pas survivre.
Que devez-vous faire ? Nos propositions pour ne pas vous laisser prendre de court
Comme vous pouvez le constater, aucune de ces solutions n'est idéale, non seulement de manière collective (le projet européen) qu'individuellement. Notre pouvoir d'achat risque d'en prendre un sacré coup et notre niveau d'imposition exploser.
Voici ce que nous vous proposons :
- pour ceux qui, comme nous, croient en les métaux précieux, les mauvaises nouvelles sur le front économique signifient une nouvelle embellie pour l'or et ses confrères. Voici ce qu'expliquait Florent Detroy hier dans l'Edito Matières Premières & Devises : " Lundi dernier, alors que George Papandréou annonçait son intention d'organiser un référendum, l'or explosait. Après son rally d'octobre, le métal jaune prenait 4% sur le mois de novembre. L'or bénéficie de la trop forte incertitude et de la volatilité des marchés".
"D'ailleurs, la recherche d'une protection contre cette volatilité a profité à l'ensemble des métaux précieux. Ils connaissent tous une hausse supérieure à 6% sur ces deux semaines".