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Récession, PIB et inflation

Voyons voir l’état de l’économie.

Pour faire court, les Etats-Unis sont probablement à nouveau en récession, écrit Bill Bonner pour La Chronique Agora.

Tandis que nous voyagions de par le monde, les données ont continué à affluer. Elles n’offraient pas de surprises — au contraire : plus ça change, plus c’est la même chose. L’immobilier américain est en crise.

Le chômage reste problématique. Officiellement, le taux de chômage US est aux environs des 9%. Mais le taux réel, selon le professeur Robert Shiller, de Yale, est plus proche des 16%. De nouveaux emplois sont créés. Toutefois, ils ne sont pas assez nombreux pour suivre la croissance démographique et permettre aux chômeurs de retrouver un travail.

Autre problème : les emplois créés concernent généralement des secteurs gouvernementaux ou financés par le gouvernement, ou bien des activités peu productives avec des salaires bas.

On peut gagner de l’argent en garant des voitures, par exemple — mais pas beaucoup. Et garer des voitures ne contribue guère au niveau de vie général. Les salaires réels baissent donc. Les salaires américains ont augmenté de 1,9% l’an dernier ; c’est exactement le montant de l’estimation de l’inflation. Sauf que les prix grimpent plus rapidement que l’IPC officiel, comme nous l’expliquerons dans un instant.

Parallèlement, les autorités américaines ont totalement échoué. Les efforts de “relance” n’ont abouti à rien. Chaque emploi “créé” par l’assouplissement quantitatif, par exemple, a coûté plus de 800 000 $. Si l’on part du principe que le salaire moyen est d’environ 40 000 $, cela signifie que le programme a détruit l’équivalent de 20 emplois pour chaque poste créé.

Au lieu d’engendrer de l’emploi, le programme de la Fed a généré de l’inflation — surtout dans les prix de l’énergie. Les budgets familiaux en souffrent. Voici ce que dit l’Associated Press :

“Il y a moins d’argent [aux Etats-Unis] cet été pour les chambres d’hôtel, les planches de surf et les maillots de bain. Tout passe dans le réservoir à essence”.

“Les prix élevés à la pompe mettent le budget familial sous pression, alors que commence la traditionnelle driving season estivale. Pour chaque 10 $ avant impôts gagnés par le ménage moyen, quasiment un dollar est désormais consacré au plein de carburant, soit 40% de plus que la normale”.

“Les ménages ont dépensé en moyenne 369 $ pour le carburant le mois dernier. En avril 2009, ils ne dépensaient que 201 $. Les familles dépensent désormais plus pour faire le plein qu’elles ne consacrent à leur voiture, aux vêtements ou aux loisirs. L’année dernière, elles dépensaient moins en carburant que pour chacun de ces éléments pris séparément”.

“Les implications sont profondes pour une économie qui peine à reprendre de la vitesse, deux ans après le début de la reprise. Selon les économistes, à cause de la pression exercée par le carburant, les gens se sentent plus pauvres qu’ils le sont en réalité. Ils le montrent en limitant leurs dépenses bien au-delà de la pompe à essence. Wal-Mart a récemment attribué aux prix élevés du carburant son huitième trimestre consécutif de ventes basses aux Etats-Unis. La chaîne de magasins Target a annoncé que les prix du carburant entamaient les ventes de vêtements”.

“Chaque hausse de 50 cents du coût du pétrole prive l’économie américaine de 70 milliards de dollars au cours d’une année, déclare Hamilton. Cela représente environ un demi pourcent du produit intérieur brut”.

Les derniers chiffres du PIB US montrent que la “croissance” atteint le taux de 1,8% par an. Mais comme tout ce que les autorités racontent, les chiffres ne valent probablement guère mieux que des illusions et des mensonges purs et simples. Pour arriver au chiffre du PIB, les autorités prennent les données brutes, puis soustraient l’inflation afin d’obtenir la croissance “réelle” du PIB.

Le chiffre qu’elles utilisent pour cela est le chiffre annuel du CPI-U (indice des prix à la consommation pour tous les consommateurs urbains), soit 1,9%. Mais le premier trimestre de cette année montrait que les prix augmentent bien plus rapidement, avec un CPI-U annualisé à 5,7. Nous ne parlerons même pas du chiffre plus élevé fourni par le Billion Prices Project. En d’autres termes, si les autorités tenaient compte de leur propre chiffre de l’inflation pour le premier trimestre, le PIB américain ne grimperait pas du tout. Il chuterait en fait de 1,8%.

Bill Bonner est le fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information confidentielles – probablement l'une des plus brillantes au monde. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450.000 lecteurs... ), il intervient également dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning.

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