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Pourquoi le Wall Street Journal n'aime pas l'or

Hier, je vous quittais en vous promettant

de vous expliquer pourquoi le Wall Street Journal n'aime pas l'or, écrit Simone Wapler pour La Quotidienne de MoneyWeek.

Bien sûr, les journalistes ne sont pas complètement stupides, enfin pas tous...

Je vous avais mis en lien l'article tout frais du Wall Street Journal, mais comme vous êtes paresseux (ne me dîtes pas que c'est les vacances, je n'y crois pas) et que vous comptez sur moi pour vous mâcher le boulot, vous ne l'avez pas lu.

C'est dommage ! Cet article est un modèle du genre qui vous permet d'éclairer votre lanterne.

James Altucher écrit pour le Wall Street Journal, le Financial Times, The Street.com, Seeking Alpha, Daily Finance et il est même "vu à la télé", sur CNBC. Il est accessoirement gérant de hedge fund, ou fonds spéculatif. Il ne croit pas au réchauffement climatique, mais au refroidissement climatique. A priori ce n'est pas une bille dans son domaine, voire même sa petite touche contrarienne (le refroidissement climatique) ne nous déplairait pas.

Mais quand James Altucher parle de l'or, ses arguments paraissent quelque peu biaisés.

Il compare le Dow Jones et l'or de 1920 à maintenant en oubliant juste de dire que la sélection naturelle d'un indice fait que les canards boiteux sortent de l'indice. L'or de 1920 est le même que l'or de 2010. Mais le Dow Jones de 1920 n'a rien à voir avec le Dow Jones de 2010.

Il fait une autre comparaison qui part de 1980, le pic de l'or consécutif aux chocs pétroliers. Un biais qui équivaudrait à parler des marchés actions en partant de 2000, le pic d'avant le krach internet.

Il occulte totalement que l'or a encore un usage monétaire. Car sinon, pourquoi diable, M. Altucher, les banques centrales en auraient-elles toujours dans leurs réserves ?

Quant à parler d'une bulle sur l'or, alors là, je me gausse !

Moins de 1% des actifs financiers du monde sont actuellement investis dans le secteur des métaux précieux. Vous appelez ça une bulle vous, un truc qui attire moins de 1% ? Plutôt un repoussoir ! Vous voulez une comparaison (oui, oui, je vous sens toujours sceptique et rétif) ?

Au moment du sommet de 1981, 26% des actifs étaient placés dans le métal jaune. Et deux chocs pétroliers, c'étaient du pipi de chat à côté de la faillite possible d'Etats de pays dits développés.

Il y avait plein d'arguments plus affûtés pour dire que l'or peut baisser. Je les connais. Je les ressasse régulièrement, je les soupèse. Mais ceux de James Altucher témoignent d'une ignorance du marché historique et contemporain.

Ce qui nous ramène à la question initiale. Pourquoi le Wall Street Journal va-t-il chercher une signature pour dire que l'or va baisser ?

Parce qu'il en a besoin.

Il en a besoin parce qu'on le lui demande.

Quand on le lui demande, il va trouver un type que cela intéresse de débiner l'or. Par exemple, un gérant de hedge fund qui n'en a pas et qui aimerait bien que ses clients arrêtent de frousser et de lui retirer leur argent. Car le premier semestre 2010 a été dur-dur pour les hedge funds.

Rassurez-vous, cher lecteur, je ne suis pas subitement devenue une adepte de la théorie du Grand Complot et je vous conjure de ne pas appeler le Samu Psychiatrique en montrant cet article.

Il est simplement de l'intérêt des journaux financiers de promouvoir des investissements financiers attractifs, capable de délivrer de juteux bonus pour des prises de risque. L'or et le Tupperware dans le trou dans le jardin n'appartiennent pas à cette catégorie.

Il est de l'intérêt du gouvernement américain que le dollar reste la monnaie d'échange mondial, que la confiance dans le dollar reste inébranlable, que Goldman Sachs et JP Morgan puissent vendre les bons du Trésor américain en touchant leur commission au passage.

Quand JP Morgan, Goldman Sachs, la Fed ou Ben Bernanke demandent au Wall Street Journal de publier un article baissier sur l'or, le Wall Street Journal ne peut pas refuser. On ne mord pas la main qui vous nourrit...

JP Morgan ou Goldman Sachs ou la Fed ou Ben Bernanke demandent au Wall Street Journal de publier un article baissier sur l'or lorsqu'ils sentent que la situation peut déraper, pour prévenir une trop brutale hausse de l'or.

Et ces gens-là ne sont pas des imbéciles, ce sont des insiders, des initiés. Ils savent très bien quand le contrôle des choses peut risquer de leur échapper. Ce n'est pas souvent : 5 fois en 17 ans...

Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart's... Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements « tangibles ». Elle analyse chaque mois le secteur aurifère et les marchés étrangers dans la lettre d'investissement Vos Finances - La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l'Edito Matières Premières ou dans différents rapports d’investissements.

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