Le plus amusant métier du monde
Economiste est sans doute le métier
le plus amusant au monde. Pas une minute sans que l'on rie, écrit Bill Bonner pour La Chronique Agora. Tant de prétentions idiotes, tant de théories benêtes, tant de pompe et de vanité...
Autrefois, nous aimions lire Thomas L. Friedman dans le New York Times. Chaque fois qu'il écrivait quelque chose ayant ne serait-ce qu'un vague rapport avec l'économie, nous étions sûr de bien nous amuser. Mais il est passé à la géopolitique. Israël ceci... la Palestine cela... C'est probablement tout aussi drôle, mais ce n'est pas notre domaine. La seule chose que nous connaissions de ce sujet, c'est qu'il ne devrait pas exister.
Aujourd'hui, si nous voulons quelques distractions, nous nous tournons vers Paul Krugman. Il n'est pas aussi drôle que Friedman. Et il a raison assez fréquemment, ce qui le rend peu fiable comme source de fous rires. Tout de même, il reste amusant de voir un économiste populaire faire le malin.
Krugman a été très contrarié de voir le Sénat US refuser de prolonger les allocations chômage, par exemple. Il a déclaré que les sénateurs n'avait pas de coeur... pas d'idées... et qu'ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient -- comme s'il s'agissait d'une révélation. Nous ne saurions nous prononcer pour ce qui est du coeur, mais les autres caractéristiques pourraient s'appliquer à quasiment tous les sénateurs américains depuis les débuts de cette auguste institution.
En ce qui concerne les allocations chômage, était-ce vraiment une mauvaise chose ?
"Votre point de vue dépend de l'endroit où vous êtes assis", dit une expression. Si vous êtes assis dans une agence pour l'emploi, vous serez probablement pour une augmentation des allocations. Si vous payez des impôts et que vous luttez pour joindre les deux bouts, vous rechignerez peut-être à payer plus pour d'autres qui ne travaillent pas.
Krugman souligne que ce n'est pas de leur faute. Les allocations chômage ne diminuent pas le désir des gens de trouver un travail -- pas quand il y a cinq candidats pour chaque poste. Mais il faut faire des ajustements... et quand on n'a pas d'argent qui rentre, ça ne peut que motiver à les faire.
La véritable raison pour laquelle les gens sont au chômage, c'est que le prix de la main-d'oeuvre est trop élevé. Nous sommes dans une période de destruction des prix et de la dette. Les prix de production baissent -- les prix de la main-d'oeuvre devraient donc baisser aussi.
Mais les coûts de main-d'oeuvre sont "collants"... ils ne baissent pas facilement. Surtout lorsqu'il y a des allocations chômage qui maintiennent la colle. Les allocations ne font qu'interférer avec la correction, retardant les adaptations nécessaires.
Vous vous lassez sans doute de nous l'entendre dire, mais nous sommes dans une période de destruction de dette. Le monde a trop de dettes... plus particulièrement la partie la plus "riche" du monde... plus particulièrement les gens qui parlent anglais... et plus particulièrement les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Au lieu de dépenser de l'argent qu'ils n'ont pas, les gens commencent à épargner même l'argent qu'ils ont. Ce qui cause des dégâts considérables dans l'économie. Non seulement ça élimine les ventes qui n'auraient pas dû avoir lieu... mais ça réduit aussi les ventes qui auraient dû se produire -- celles qui viennent de revenus honnêtes et réels. Pour l'instant, elles doivent être abandonnées pour compenser celles qui ont été faites avant. Est-ce que ça a un sens ?
Oui. Les ventes payées à crédit sont en réalité un acompte sur les revenus futurs. Elles consomment aujourd'hui ce qui sera gagné demain.
Voilà pourquoi les ventes provenant du crédit sont les meilleures -- du point de vue de l'économie. En général, une entreprise paie ses employés, qui achètent ensuite ses produits. Mais lorsque les employés dépensent à crédit, ils dépensent de l'argent qui n'a pas encore été gagné. L'employeur obtient des ventes supplémentaires sans déséquilibrer ses dépenses. Les profits grimpent.
Il y a une loi tacite, dans la nature, selon laquelle tout doit s'équilibrer d'une manière ou d'une autre. Donc si les profits grimpent durant une expansion de crédit, ils ne peuvent que baisser durant une contraction de crédit. Idem pour les prix. Et les coûts de main-d'oeuvre.