Les gouvernements haïssent la déflation
Vous devriez chérir l'or
Mardi dernier, l'or a atteint un plus-haut historique, à 1 274,88 dollars, écrit Cécile Chevré pour La Quotidienne de MoneyWeek.
Il y a deux ans, presque jour pour jour, Lehman Brothers a fait faillite.
Hum...
Aujourd'hui, gouvernements et autorités financières essaient de nous faire croire que la crise est terminée, ou presque. Bien sûr la reprise ne tient pas encore très bien sur ses jambes, mais à en croire les bataillons d'optimistes, elle sera en pleine forme dans quelques mois. Il suffit d'avoir un peu de patience.
Hum...
Un petit coup d'oeil sur le cours de l'or contredit cette belle théorie.
Qu'est-ce qui inquiète l'or ?
L'or a donc atteint un sommet historique, à plus de 1 274 $ l'once. Quand on pense qu'il y a 10 ans à peine, seuls quelques fanatiques de l'or – Bill Bonner en faisait partie – pensaient que l'or pourrait un jour dépasser les 500 $, on mesure le chemin parcouru.
Alors qu'est-ce qui fait que l'or grimpe ? Réponse : il se ronge les sangs. En premier lieu pour les devises.
Il s'inquiète pour l'euro. Ce n'est pas parce que le sujet ne fait plus la première page des journaux qu'il a disparu : les inquiétudes sur la dette souveraine de nombreux pays européens existent toujours. La preuve, les rendements des obligations d'Etat de ces pays s'envolent, signe que les investisseurs en veulent de plus en plus pour leur argent et qu'ils ne sont pas sûrs de la solvabilité de la Grèce, de l'Espagne, de l'Italie, du Portugal ou même de l'Irlande, pourtant nouvellement vertueuse...
L'euro n'est pas le seul à inquiéter l'or. La plupart des devises sont en train de vivre une véritable course à l'abîme. A tout seigneur, tout honneur, le dollar est évidemment dans la ligne de mire avec la politique de la Fed et le maintien des taux proches de zéro. Mais la Fed n'est pas la seule à se jeter tête baissée dans ce genre de politique, la Banque du Japon (BoJ) fait exactement la même chose. Hier, elle a vendu des tonnes de yens et a acheté des tonnes de dollars pour essayer d'endiguer la flambée du yen.
C'est la première intervention d'une telle envergure depuis 2004... et le signe que la BoJ s'inquiète de plus en plus des conséquences d'un yen fort sur la croissance nippone.
Prenez garde à la déflation
L'or, qui est décidémment un grand angoissé, ne se soucie pas seulement de l'autodestruction des monnaies fiduciaires mais aussi de la déflation. Ou même la crainte d'une déflation...
C'est exactement ce à quoi nous assistons depuis des mois, et c'est de plus en plus visible depuis le début de l'été : la Fed est chaque mois plus pessimiste sur la situation économique des Etats-Unis et donc annonce régulièrement le maintien de la politique de liquidités facile, de taux zéro et même d'assouplissement monétaire.
Les Banques centrales sont loin de maîtriser les forces qu'elles ont déchaînées, contrairement à ce qu'elles veulent faire croire. La lutte contre la déflation risque de nous revenir tel un boomerang sous forme d'hyperinflation.
Les Etats aiment l'inflation
Pour couronner le tout, les Etats aiment l'inflation. Elle leur permet d'alléger le poids de leur endettement. L'inflation érode la monnaie. Si vous avez emprunté 100 et que vous devez rembourser 10 tous les ans, l'inflation (hausse des prix et des salaires) fait que les 10 deviennent de moins en moins pénibles à sortir. Pour un Etat, hausse des salaires implique hausse des rentrées fiscales.
Résumons-nous : quantitative easing + afflux de liquidités => inflation => dégradation des monnaies fiduciaires => hausse de l'or.