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Les Européens en ont marre !

Hé ! Qu’est-ce qu’on entend ?

La Grèce ne peut pas payer ses factures ?!

Oui, c’est vrai, cher lecteur. Le ministre des Finances grec a annoncé encore une fois que le déficit de son pays sera “plus élevé que ce qui était attendu”, écrit Eric Fry pour La Chronique Agora.

“Le déficit, cette année, représentera probablement 8,5% du PIB”, rapporte l’Associated Press, “ce qui est supérieur aux 7,8% auparavant attendus. La responsabilité de cet échec a été rejetée sur une récession plus forte que prévue. On prévoit que l’économie grecque chutera de 5,5% cette année”.

“La révélation”, continue l’AP, “que la Grèce trouve de plus en plus difficile de réduire ses emprunts malgré toutes ses mesures d’austérité a augmenté les craintes que les créditeurs internationaux jettent l’éponge”.

La conclusion prosaïque de l’AP renvoie à l’observation prosaïque que nous faisons depuis deux ans : ce qui est en faillite a tendance à faire faillite.

La Grèce finira par faire faillite.

Les fonds de renflouement — quelles que soient les sommes atteintes — ne font que ralentir la marche vers l’inéluctable. La destination est certaine ; le calendrier est variable.

Je me trouve actuellement sur le Vieux Continent, en train de faire une “tournée d’adieu à l’euro” d’une semaine. Des Pays-Bas à la Suisse en passant par l’Italie, j’ai questionné les gens dans les straats, strasses et vias sur le sauvetage grec et à propos des probabilités de survie de l’euro.

D’une manière générale, le soutien pour le sauvetage de la Grèce est, au mieux, mitigé. Et ce soutien, réticent s’il en est, s’affaiblit à chaque jour qui passe.

Même si la plupart des gens ont vaguement admis qu’il valait la peine d’essayer de sauver la Grèce parce que c’était probablement pour le bien public, ils ont également exprimé une forte préférence pour leur ancienne monnaie nationale. Les Néerlandais, en particulier, regrettaient leur florin. Les Allemands préféraient leurs marks et les Français leurs francs. Même les Italiens aimaient mieux leurs lires.

Autrement dit, les plans de sauvetage de l’Union européenne (UE) semblent s’être emparés (comme des otages) des esprits européens mais très peu des coeurs. La résignation — et non la volonté — domine.

La résignation à un argument intellectuel peut gagner quelques batailles face au coeur mais elle gagne rarement la guerre. Tôt ou tard, sans doute plutôt tôt que tard, le mépris généralisé — et très présent — pour le renflouement la Grèce déclenchera une rébellion contre les plans de sauvetages de l’UE.

L’ironie de la chose, c’est que le côté émotionnel de ce débat est aussi partie prenante au niveau des hautes sphères intellectuelles. L’UE et son Fonds européen de stabilité financière (FESF) considèrent qu’il est important de sauver la Grèce et d’élaborer une caisse spéciale pour sauver le Portugal, l’Espagne, l’Irlande et l’Italie… si besoin est.

Dans leur coeur, la plupart des Européens semblent rechigner à l’idée d’envoyer encore plus d’euros à leurs voisins du sud. Ces renflouements leur semblent injustes. Il aurait été plus juste de laisser les nations faire faillite. La faillite peut également être désirable. Le processus n’est pas sans douleur mais il a fait ses preuves… et il est très efficace. Prenons par exemple la Slovaquie, petit pays d’Europe centrale qui joue sur la corde sensible de ses riches voisins et qui refuse le plan d’aide à la Grèce : “non ! Plus de sauvetages !”

Même si la semaine dernière le Bundestag allemand a approuvé un apport supplémentaire de 250 milliards d’euros au FESF (sur un total de 440 milliards d’euros), les 17 membres de la Zone euro doivent approuver ce renforcement. Les gouvernements néerlandais et maltais devraient donner rapidement leur accord, ce qui ferait de la Slovaquie la seule voix discordante.

La Slovaquie, qui a suivi un chemin ardu pour devenir membre de la Zone euro, et qui a finalement rejoint l’union monétaire il y a deux ans, n’a guère envie de diminuer l’importance des lettres de créance du club dans lequel elle a eu tant de mal à entrer.

“Le fonds d’aide se contente simplement d’acheter du temps de façon incroyablement coûteuse, mais il ne résout pas les problèmes”, se plaint Richard Sulik, leader du parti slovaque Liberté et Solidarité.

Le raisonnement de Sulik semble valable… et sincère. Les fonds de renflouement ne font que retarder le destin qui attend la Grèce et l’euro mais ils ne l’empêcheront pas.

La réponse de l’UE à tout nouveau signe de détresse financière dans les nations PIIGS est : “plus d’euros”. Depuis mai 2010, les Grecs ont reçu près de 150 milliards d’euros de la part d’autres pays de la Zone euro et du Fonds monétaire international. Lorsqu’il est devenu indéniable au printemps dernier que cette somme ne suffirait pas, les leaders européens ont prévu un autre versement de 150 milliards d’euros. Même si les détails de ce second sauvetage ne sont pas encore finalisés, l’UE a préparé un plan de sauvetage encore plus grand.

Rédacteur en chef d'Apogee Research, une publication en ligne réservée aux investisseurs professionnels et aux fonds de couvertures, Eric J. Fry est un spécialiste de l'analyse des actions internationales depuis le début des années 1980. Il a été pendant plus de 10 ans professionnel de la gestion de portefeuille. Il est l'auteur du premier guide sur les certificats de dépôt américains.

Eric apparaît régulièrement à la télévision américaine dans des émissions financières. Il contribue également à des travaux de recherche pour quelques publications spécialisées dans l'investissement. A La Chronique Agora, il donne quotidiennement son résumé des nouvelles de Wall Street.

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