La Grèce sera-t-elle Lehman Brothers de l'Europe ?
Hier, les ministres européens se sont rencontrés
une énième fois pour discuter des modalités d'aide à la Grèce. Nous ne prenons même plus la peine de compter le nombre de réunions organisées sur le même sujet depuis le début de la crise grecque il y a un an. Et comme d'habitude, la zone euro n'a pas réussi à se mettre d'accord sur une véritable solution, écrit Cécile Chevré pour La Quotidienne de MoneyWeek.
Les Etats de la zone euro sont dans de sales draps. Ils hésitent à définitivement abandonner la Grèce à son triste sort de crainte que les marchés ne s'emballent et que la faillite hellène ne soit l'iceberg qui aura la peau du Titanic-Euro.
Mais, d'un autre côté, sauver la Grèce à un coût que les Etats sont vraiment réticents à payer.
Les ministres des finances de la zone euro se sont donc à peu près mis d'accord pour le versement d'une nouvelle partie de l'aide de 110 milliards d'euros d'ici mi-juillet. Un versement qui est cependant conditionné à l'adoption d'une politique de rigueur encore plus ferme par la Grèce et d'une série de privatisation. C'est le premier point d'achoppement : les Grecs accepteront-ils de nouvelles mesures de rigueur économique alors que les manifestations et les révoltes sociales se multiplient ?
Quant à un nouveau plan d'aide à la Grèce, c'est le second point d'achoppement. Entre savoir qui doit payer (le secteur privé sera-t-il prié de mettre lui aussi la main à la poche ?), quand, à combien se montera l'aide (peut-être plus d'une centaine de milliards d'euros) et à quelles conditions, les questions et les sujets de discorde ne manquent pas...
Une faillite prévisible
Petit retour en arrière pour comprendre les conséquences de la faillite de la Grèce. Il y a un an, la Grèce a été renflouée à hauteur de 110 milliards d'euros par l'UE et le FMI. En échange, le gouvernement grec s'engageait à réduire son déficit budgétaire.
Seulement les marchés n'ont jamais vraiment cru à la capacité de la Grèce à rembourser ses dettes, ce qui a eu pour conséquence principale de faire progressivement augmenter les rendements de la dette grecque. Les rendements des obligations à 10 ans étaient à un peu plus de 7% il y a un an, ils sont maintenant à près de 18%.
Autre problème, le montant énorme de la dette de la Grèce. Selon les estimations du FMI, fin 2011, la Grèce devrait être endettée à plus de 150% de son PIB. Et toujours selon le FMI, en 2016, et ce même si le pays réduisait drastiquement ses dépenses, son endettement ne devrait retomber qu'à 146% de son PIB.
Conclusion, la Grèce ne pourra pas échapper à la faillite.
La Grèce, le Lehman Brothers de l'Europe ?
Depuis quelques jours, l'inquiétude se fait plus vive dans la presse. La faillite de la Grèce pourrait-elle avoir les mêmes conséquences pour la zone euro que Lehman Brothers sur la finance en 2008 ?
Car un défaut grec aura forcément des répercussions dans toute l'Europe.
Trois points de similitudes principaux font trembler les marchés :
1. La dette grecque est partout en Europe. Pour rappel, voici le niveau d'exposition au risque grec de différents pays. Les banques italiennes détiennent pour 1,6 milliard d'euros de dettes grecques, les britanniques pour 2,4 milliards, les françaises pour 10,5 milliards et les allemandes pour 16 milliards.
Au total, les banques européennes détiennent pour 36,5 milliards d'euros d'obligations grecques. Une somme qui n'inclut pas les 47 milliards d'obligations grecques achetés par la BCE dans sa tentative désespérée de redonner confiance aux marchés.
Au final, c'est plus de 83 milliards d'euros d'obligations grecques qui ont contaminées le système bancaire de la zone euro, et plus si on compte les pays européens comme la Roumanie ou la Bulgarie.
2. Les produits structurés seront le véhicule de la contagion. Via les CDS, les assurances contre le défaut qui vont se déclencher si la Grèce est soupçonnée de faire faillite. Ce qui signifie en clair que les banques vont devoir ses assurances. Or le montant des CDS grecs (5 milliards d'euros) est à peu près équivalent à ceux de Lehman en 2008 (5,2 milliards de dollars).
3. Les prêts interbancaires vont chuter. Ces prêts forment la base du système bancaire. En 2008, ils avaient dramatiquement ralentis. Les banques, touchées de plein fouet par les conséquences de la faillite de Lehman Brothers et les subprime, avaient cessé de se prêter les unes aux autres de crainte de n'être jamais remboursées. Qui mieux qu'une banque pour connaître les difficultés d'une autre banque. Et c'est exactement ce qui peut se passer en cas de faillite de la Grèce.
Comment vous protéger de ce risque de contagion ?
La première protection, vous la connaissez forcément : l'or.