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Le FMI et la Fed ne réussiront pas à empêcher la douleur des dettes souveraines

Qu’est-ce qui ne va pas avec l’Angleterre ?



Il faisait beau en Chine, beau aux Etats-Unis, beau en France. Mais à Londres, il fait froid et il y a du vent, écrit Bill Bonner pour La Chronique Agora.

Les Anglais ne s’en rendent même pas compte. Ils portent manches courtes et petites robes — comme si on était en été.

Mais qu’y a-t-il de neuf dans l’actualité ?

“L’Europe titube alors que le peuple se révolte contre les mesures d’austérité”, titre le TIMES.

Les socialistes au pouvoir jusqu’alors en Espagne se sont fait battre aux urnes. Les coûts de l’emprunt grimpent — poussant l’Italie, l’Espagne et la Grèce plus près de la faillite. Il n’y a pas vraiment de moyen de s’en sortir. Le FMI — sous DSK — a aggravé les choses en prêtant plus d’argent à des gouvernements qui ne peuvent le rembourser. Et jour après jour, le tas de dettes bancaires et gouvernementales européennes sent de plus en plus mauvais.

Bien entendu, la déflation de la dette — la dépréciation, le défaut de paiement, les saisies –, c’est exactement le rôle d’une Grande Correction.

Aux Etats-Unis — sauf pour les ménages –, les autorités ont réussi à retarder le moment de vérité… indéfiniment, en apparence. Les autorités ont “une petite technologie appelée planche à billets”. Et elles sont prêtes à l’utiliser !

En Europe, ce n’est pas si simple. Les Allemands ne veulent pas voir leur monnaie dépréciée pour que les Grecs, les Italiens et les Espagnols puissent continuer à vivre dans le style auquel ils se sont habitués.

Evidemment, les Grecs ne sont pas ravis. Un article de Reuters nous donne plus de détail :

“… une grande majorité des Grecs s’oppose à de nouvelles mesures d’austérité, selon un sondage publié samedi, qui montre également que les socialistes, actuellement au pouvoir, perdent leur avance sur l’opposition conservatrice pour la première fois depuis le victoire électorale de 2009″.

“‘Il n’y a pas de discussions sur une restructuration de la dette’, a déclaré Papandréou dans un entretien dimanche dans le journal Ethnos“.

“Un an après le renflouage de 110 milliards d’euros versé par l’UE/FMI, la Grèce lutte contre des revenus faibles et une profonde récession, nourrissant les spéculations sur le fait qu’elle devra restructurer sa dette pour se tirer du pétrin budgétaire qui a déclenché une crise dans la Zone euro”.

Tout le monde considère que cette tension entre un centre fort et une périphérie faible est une “faiblesse” du système européen. Nous la voyons comme une force. Etre dans l’incapacité de détruire sa devise n’est pas une mauvaise chose.

Dans les pages éditoriales du New York Times, Paul Krugman nous annonce cependant que l’austérité est une bataille perdue d’avance. Il appelle les gens qui exigent des réductions de dépenses — aux Etats-Unis comme en Europe — le “caucus de la douleur”.

Comme toujours, Krugman voit la mécanique superficielle du système, mais comprend mal sa structure morale profonde. La douleur, c’est pour les perdants, semble-t-il dire, comme si des économistes éclairés pouvaient débarrasser pour toujours le monde de la souffrance.

Des finances solides et sensées génèrent des investissements de long terme, de la formation de capital et de la croissance réelle. Mais ça ne va pas sans douleur. Tout le monde fait des erreurs ; les reconnaître est toujours douloureux — demandez à DSK. En acceptant de souffrir maintenant, les économies pourront reconstruire la confiance… et encourageront donc plus d’investissements et de prospérité à l’avenir. C’est là l’argument en faveur des mesures d’austérité. Après tout, les banques et les gouvernements des Etats à la périphérie de l’Europe ont trop emprunté et ont joué imprudemment durant les années de boom. Ils doivent payer pour ces erreurs avant que leurs économies puissent se construire sur des fondations plus solides.

Krugman ridiculise cette idée. Il pense que l’austérité ne rapporte pas. Il doit penser que les “austéristes” veulent la douleur pour la douleur.

“La bonne fée de la confiance ne s’est pas encore montrée”, écrit-il.

A quoi s’attendait-il ? La confiance ne s’obtient pas du jour au lendemain. De toute façon, qu’ont fait les Européens pour la mériter ? Comme leurs homologues américains, ils ont généralement écouté des simplets comme Krugman. Ils ont renfloué leurs banques, accumulé les déficits publics et augmenté leurs dettes.

Et maintenant, “la confiance plonge”, déclare Krugman… Eh oui. Les investisseurs ne savent pas à quoi s’attendre. Y aura-t-il une nouvelle tournée de renflouages ? Un “défaut en douceur” par la restructuration et le “reprofilage” de la dette ? La Grèce sera-t-elle virée de l’Union européenne ? Qui pourrait avoir confiance, dans de telles conditions ?

Krugman s’inquiète de ce que la BCE puisse faire preuve d’un peu de courage — et refuse de renflouer la Grèce une nouvelle fois. Ensuite “il est aisé de voir comment cela pourrait provoquer une cascade de dominos financiers dans toute l’Europe”. Ce serait un désastre, pour le prix Nobel d’économie. Tout comme la faillite des banques de Wall Street… de Fannie Mae… de Freddie Mac… et de GM auraient été des désastres.

Notre homme n’apprend décidément rien. Les banques centrales ont passé les quatre dernières années à tenter d’empêcher la prise en compte des dettes mondiales. Et les dettes, elles, ne font qu’augmenter.

Bill Bonner est le fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information confidentielles – probablement l'une des plus brillantes au monde. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450.000 lecteurs... ), il intervient également dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning.

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