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Pourquoi la crise européenne n'est pas terminée

Cher lecteur... que dire... à part : ahlalala...



Pauvre de nous, Européens, la crise semble loin d'être résolue. Même si les dirigeants de la zone euro et de la BCE parviennent à se mettre d'accord sur la prochaine aide à la Grèce, celle-ci ne sera pas suffisante pour empêcher le pays de faire faillite. Et ne parlons pas du risque grandissant de contagion, écrit Cécile Chevré pour La Quotidienne d'Agora.

Bref, la crise européenne est loin d'être terminée. Voici pourquoi :

1. Qui a peur des agences de notation ?
Elles sont décriées et conspuées. Et pourtant, elles continuent à faire la loi sur les marchés. Les agences de notation sont focalisées sur l'Europe et entendent bien ne rien laisser passer.

Nous pourrions entrer dans le débat de la légitimité (nulle) et de la crédibilité (en dessous de zéro) de ces agences, mais cela serait en grande partie stérile. La question n'est pas de savoir si les agences de notation ont raison de dégrader en série les pays européens (elles ont évidemment raison au vu de nos déficits et de notre endettement), mais plutôt de se demander : pourquoi maintenant ?

Ma réponse d'Européenne légèrement paranoïaque : pour faire oublier que les Etats-Unis sont dans une situation bien pire que la nôtre.

Quoi qu'il en soit, elles font des ravages. L'Italie et l'Espagne ont de nouveau été sévèrement dégradées en octobre. Leurs banques sont aussi dans la tourmente. Standard & Poor's a ainsi dégradé 24 banques italiennes et 10 espagnoles. Fitch a revu à la baisse la notation de 6 banques espagnoles.

On ne voit pas pourquoi les agences de notation ne continueraient pas de dégrader à tour de bras banques et Etats européens... Après tout, aucune réelle solution à la crise n'a encore été proposée.

2. Impression monétaire ou pas ?
Il ne vous aura pas échappé que, derrière l'harmonie de façade, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sont à couteaux tirés. Au coeur du débat, on peut clairement l'imaginer, la question de savoir si la BCE va enfin faire ouvertement ce que font la Fed ou la Banque d'Angleterre depuis 2009 : imprimer de la monnaie.

Jusqu'à présent, quand la BCE rachetait des crédits pourris aux banques de la zone euro ou des dettes souveraines à ses Etats membres, elle "stérilisait" ces achats. Ainsi, d'après les déclarations officielles, la masse monétaire n'augmente pas malgré les milliards sortis de son chapeau par la BCE.

Toute la question est de savoir comment la BCE "stérilise" cet argent. Et là, je dois vous avouer que mes investigations pour essayer d'en savoir plus ont fait choux blanc... Mystère et boule de gomme. D'ailleurs, la plupart des commentateurs sont manifestement dans la même ignorance que moi...

Mais revenons à cette question d'importance : la BCE aura-t-elle le droit d'imprimer de la monnaie pour aider la zone euro ? Légalement, non... pour le moment. Il va donc falloir revoir quelques règles. A se demander si les actuelles tergiversations ne sont pas en fait une manière pour faire accepter à tous les entorses qu'il va falloir faire au fonctionnement actuel de la BCE.

Autre problème : qui dit utilisation massive de la planche à billets dit risque d'hyperinflation. Or ce n'est pas un concept avec lequel nos voisins d'Outre-Rhin se sentent très à l'aise. L'hyperinflation leur rappelle de mauvais souvenirs (la crise des années 30) et les troubles politiques qui ont suivi. On comprend donc qu'Angela Merkel ait du mal à se laisser convaincre.

Cependant, comme vous le disait Simone Wapler dans ces lignes la semaine dernière, le 3 novembre prochain aura lieu le G20. Qu'Angela parvienne encore à dire non à Nicolas Sarkozy en tête-à-tête, on peut le comprendre. Mais pourra-t-elle tenir bon face à la demande conjointe des chefs d'Etat et de gouvernements des 20 plus importantes puissances économiques mondiales ? Et alors que parmi ces pays, nombreux sont ceux à avoir cédé aux sirènes de l'impression monétaire ?

3. La dette, la dette, la dette
Impression monétaire ou pas, le problème reste au fond le même : nos gouvernements n'envisagent toujours pas de solution à la crise autre qu'émettre encore un peu plus de dettes. Or nous sommes dans un processus infernal, nous continuons à nous endetter, sans aucun réel espoir de pouvoir rembourser.

La croissance européenne est atone, comme l'expliquait hier Frédéric Laurent à ses lecteurs dans Vos Finances : "En interne, l'optimisme prévaut : nos dirigeants anticipent une croissance de 1,5%. Or, d'après l'avis unanime des économistes notre croissance serait à peine de 1% L'Allemagne qui attendait 1,8% de croissance est revenue plus sagement sur 0,8%. Et pourtant elle est considérée comme étant le moteur de l'Europe..."

"Je vous ai à plusieurs reprises parlé du double-dip. Il y a peu de temps cette récession en double creux, évoquée par toujours plus d'économistes, devient de plus en plus probable. Nos dirigeants devraient en prendre de la graine et regarder avec plus d'objectivité la réalité des chiffres -- et ce, au risque de froisser la susceptibilité des agences de notations ou de risquer leur place d'élu. Si ce ralentissement se confirme, il va mécaniquement compliquer les efforts de remboursement des dettes. Et le redressement de nos finances publiques n'en sera que plus compliqué, pour ne pas dire compromis... En tout cas c'est cela que voient les agences de notation et ce n'est pas bon pour nous. En effet, en matière de finances publiques, 0,2 point de croissance en moins revient à ; 0,1 point de déficit en plus..."

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Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’EPHE et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’INTD. Cécile Chevré participe à la rédaction de la Quotidienne de MoneyWeek, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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