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Comment investir sur un triple mensonge

Ce matin, la revue de presse de vos rédacteurs

fut un instant saisie de doutes, nourris par une lecture en diagonale des quotidiens économiques et financiers. Serions-nous devenus fous ? Les titres sur lesquels nous tombions devraient chacun suffire à faire craquer la planète finance. Et pourtant, rien...

La folie commence lorsqu'on croit à ses propres mensonges. Il semble que ce soit le cas de ceux qui s'obstinent à nier certaines évidences. Evitons de nous laisser contaminer, écrit Simone Wapler pour La Quotidienne de MoneyWeek.

Mensonge n°1 : inflation et récession ne peuvent coexister
Notre laboratoire du pire – le Royaume-Uni – dont la situation économique est décrite par La Tribune en page 2 – nous révèle clairement que cette croyance est un premier mensonge. Inflation et récession font bon ménage.

Titre d'un premier graphique "Une croissance au plus bas", mais celui-ci indique une décroissance puisque le quatrième trimestre 2010 affiche -0,6% et que donc la production nationale de richesse recule. C'est bien une récession, une décroissance à laquelle les Britanniques ont affaire.

Suivi d'un deuxième graphique "Une inflation qui s'envole" à 4,4% et d'un troisième "Un chômage toujours élevé" à 8%.

Voyons, voyons, le discours officiel ne nous soutenait-il pas que l'inflation ne pouvait pas surgir ? La création monétaire, censée ressusciter la croissance, n'aurait aucune conséquence perverse. Le chômage contiendrait les prix. N'était-ce pas la profession de foi keynésienne ? Mais elle est démentie par les chiffres !

Mensonge n°2 : la Banque centrale européenne ne pratique pas la création monétaire (ou quantitative easing ou planche à billets) et l'euro est une monnaie fiable
Lâchons le laboratoire du pire et retour sur la terre ferme. La Tribune nous apprend en page 18 que "La BCE est pour l'instant la seule institution à intervenir sur les marchés obligataires" et un graphe nous montre que les montants cumulés des achats de la dette par la BCE dépassent 75 milliards d'euros par semaine depuis le début de l'année.

La BCE fait la même chose que la Fed, elle rachète des obligations souveraines pour essayer de contenir les rendements et donc les taux. Cela s'appelle la monétisation de la dette. Comment se fait-il qu'Angela n'y mette pas le holà ? Pourquoi nous dit-on que l'euro est exempt des vices du dollar ?

Mensonge n°3 : depuis la crise du crédit subprime, le système financier a été assaini
"Nouveaux stress tests en vue pour les assureurs européens", nous apprennent Les Echos en page 30. Diantre ! On nous affirmait cependant que tout allait bien de ce côté.

"QIS5, dont les résultats sont rassurants quant à la solvabilité du secteur, mais aussi sujets à caution tant le nouveau système prudentiel se révèle sensible à l'évolution des marchés financiers, et donc potentiellement très volatile en terme d'exigence de capital."

Ceci est la vraie citation et c'est une phrase : avant, il y avait un point et un espace et cette chaîne de caractère se termine bien par un point. QIS5 signifie "étude quantitative d'impact de Solvabilité II".

Nous pensons que cette phrase veut peut-être dire : les assureurs sont en principe solvables. Mais ils dépendent beaucoup des marchés financiers (un assureur a aujourd'hui beaucoup d'actifs papiers et moins de pierre qu'autrefois) Ca peut chauffer et si les marchés plongent leur solvabilité se dégradera.

Rappelez-vous que les assureurs détiennent des obligations souveraines (dont le cours est soutenu par la BCE, voir mensonge n°2) et des portefeuilles chargés d'actions et d'obligations bancaires. Les banques sont censées aller très bien aussi, mais les autorités vont les tester, au cas où. En omettant le sujet brûlant : les faillites des Etats.

Rappelez-vous que les assureurs détiennent également, par le biais de l'assurance-vie, 1 500 milliards d'euros de notre épargne, soit presque l'équivalent de la dette publique française.
On aimerait donc bien qu'ils soient solvables. L'Etat français aussi, d'ailleurs. Mais on en n'est plus très sûr. C'est peut-être cela le plus gros mensonge.

Avec tous ces mensonges, difficile de savoir où mettre son argent en sécurité. Finalement à 1400 $ et 1 000 euros l'once, l'or reste d'actualité. Les mensonges sont plus difficiles avec la relique barbare. Celui qui a dit que l'or rendait fou ne lisait probablement pas la presse économique.

Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart's... Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements « tangibles ». Elle analyse chaque mois le secteur aurifère et les marchés étrangers dans la lettre d'investissement Vos Finances - La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l'Edito Matières Premières ou dans différents rapports d’investissements.

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