Comment allons-nous sortir de la crise de la dette ?
Comment sortir de la crise de la dette ?
J'imagine que c'est la question que se posent tous les dirigeants occidentaux en ce moment. Leurs réflexions ne se portent d'ailleurs peut-être pas sur comment réduire la dette... mais plutôt comment communiquer pour faire croire que le problème de la dette est réglé, écrit Cécile Chevré pour La Quotidienne de MoneyWeek.
La réduction de la dette n'est pas très populaire. Et les politiques détestent ne pas être populaires. Réduire l'endettement, c'est forcément mécontenter une partie de la population. Les fonctionnaires, les contribuables, ceux qui profitent d'une aide – quelle qu'elle soit. Si nous faisons le compte, nous avons tous un petit quelque chose à perdre quand notre gouvernement décide de serrer les vis.
Nos gouvernants sont donc tentés de laisser filer la dette laissant à la génération suivante s'attaquer au problème.
Cela peut durer longtemps. C'est d'ailleurs le cas : la France n'a par exemple plu connu de budget équilibré depuis les années 70. Nos gouvernements sont de grands optimistes. Ils s'imaginent que "demain" sera meilleur. Demain permettra de rembourser la dette.
Sauf que régulièrement, une catastrophe économique vient bouleverser ces belles promesses d'un lendemain qui chante.
Nos gouvernements crient alors à la malchance. S'excusent des dépenses supplémentaires en arguant de circonstances exceptionnelles. Et cela peut durer longtemps.
Sauf qu'à un moment, il faut payer – généralement quand tous les autres sont dans le même état de surendettement que vous et qu'ils commencent à réellement se soucier de revoir leur argent. Comme personne ne peut vraiment rembourser, la situation dégénère.
C'est ce qui est en train de se passer. Des rumeurs annonçant la dégradation prochaine de l'Italie ont couru. Le plan de soutien à la Grèce est menacé à la fois par la découverte des mesures de contrepartie demandées par la Finlande en échange de sa participation financière et par la défaite de Merkel aux dernières élections régionales. Nous vous en parlions hier dans La Quotidienne, les députés et contribuables allemands sont de plus en plus opposés à la participation de leur pays au sauvetage grec.
Les rendements italiens et espagnols à 10 ans se sont envolés, signe que la méfiance des marchés grandit. La France n'est pas épargnée. Les coûts des CDS (assurance contre le défaut) ont atteint un plus haut. Ils sont même supérieurs à ceux de l'Italie.
Pour ne rien arranger, les marchés ont appris que la BCE, la semaine dernière, avait été obligée d'intervenir de nouveau en rachetant de la dette souveraine des pays de la zone euro. Des rachats qui se sont élevés à 13,3 milliards d'euros – soit le double des achats de la semaine précédente.
Les trois solutions à la crise de la dette
1. Première solution, le défaut. C'est la voie choisie par l'Islande par exemple. Evidemment, ce n'est facile. Vos créditeurs n'apprécient pas. Ils vous menacent de ne plus jamais vous prêter. La seule manière de vous en sortir est de plus avoir besoin de revenir sur les marchés trop rapidement. Au bout d'un moment, les marchés – qui ont une mémoire de poisson rouge – auront oublié que vous avez fait défaut et vous prêteront à nouveau sans poser de question. Vous pourrez ainsi recommencer à trop vous endetter...
2. La politique de rigueur. Nous l'avons vu, c'est un choix peu populaire et fort risqué pour qui veut se faire réélire. C'est en tout cas la voie choisie par l'Irlande. Avec des résultats positifs mais aussi pas mal de conséquences désastreuses. Le niveau de vie des Irlandais s'est effondré, victime des baisses de salaires dans la fonction publique et d'importantes hausses d'impôts. Conclusion, la consommation est en berne. De même que le prix de l'immobilier (qui a chuté de 12% en un an).
3. L'inflation. Eberhardt Unger vous en parlait hier dans son article Réduire la dette publique par l'inflation ?. Le principe : vous remboursez votre dette avec de la monnaie dévaluée, donc le poids réel de votre endettement est réduit. Une solution douloureuse comme les autres. Elle pénalise les épargnants et les retraités mais elle a l'avantage de permettre aux banques et aux Etats de continuer à dépenser bon an mal an. Encore faut-il que cette inflation ne se transforme pas en véritable hyperinflation.
Quelle est la meilleure solution ? Peut-être le défaut, surtout si une politique de contrôle budgétaire plus strict est ensuite mise en place.
Est-ce la solution qui va être choisie ? Il y a peu de chance. Les gouvernements préféreront la solution de l'inflation.
Que faire pour en protéger ?
Faut-il encore répondre ? L'or, l'or, l'or !! Oui, évidemment, l'or est LA protection contre l'inflation.