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Chute des cours de l'or : jusqu'où ?

L'or est en chute. Jusqu'où ?



Si, un jour, un satellite tombe dans votre jardin, vous vous étonnez. Normal.

Si, le mois suivant, un autre satellite tombe sur votre terrasse, vous vous étonnez moins -- mais vous écrivez une longue lettre de protestation à la Nasa, écrit Cécile Chevré pour La Quotidienne d'Agora.

Si l'année suivante, un autre satellite s'écrase sur votre abri de jardin, vous ne vous étonnez pas du tout – mais vous poursuivez en justice la Nasa.

La répétition est censée mettre fin à l'étonnement. Sauf pour les médias. Il fait chaud l'été, humide en automne, froid en hiver... tous les ans... et à chaque fois cela fait la une de nos journaux.

Ils ont l'étonnement sélectif. Les banques s'effondrent, la Grèce n'en finit par de faire faillite, les Etats-Unis et l'Europe flirtent avec la récession... nos chers médias ne sourcillent pas.

Mais que le cours de l'or baisse brutalement, et tout de suite, c'est la fin du métal jaune. A mort la bulle, à bas la relique barbare ! Et pourtant, cela arrive environ deux fois par an.

Simone Wapler vous décrivait hier le déchaînement médiatique contre ce pauvre or.

Consolons-nous, si l'or ne remporte pas tous les suffrages dans le grand-public, c'est une excellente nouvelle pour nous, or-idolâtres. Cela veut dire que nous ne sommes pas encore dans la phase maniaque, celle pendant laquelle les investisseurs se jettent comme un seul homme sur un actif faisant exploser son cours.

La vrai question maintenant pour les maniaques de l'or que nous sommes est : jusqu'où peuvent chuter les cours de l'once ?

3 points de chute possibles
Commençons par une petite mise au point. L'or est passé de plus de 1 910 $ à environ 1 560 $. Soit près de 400 $ de baisse en quelques jours. A relativiser : début juillet, l'once valait autour de 1 500 $.

Examinons maintenant un graphique, proposé par mon collègue anglais Dominic Frisby. Il représente le cours de l'or sur 10 ans (échelle logarithmique).



Comme vous pouvez le constater, ces dernières années, l'or évolue au sein d'un canal haussier (représenté en bleu). Ce qui signifie que tant que l'or ne repasse pas sous les 1 200 $, ce grand scénario haussier n'est pas remis en cause. Ce qui nous donne le plus bas que peut toucher – à notre avis – l'or.

Evidemment, on ne peut jamais être certains à 100% que l'or ne repassera pas sous ce seuil des 1 200 $ mais, disons, qu'il faudrait pour cela que la majorité des minières vendent à perte. Et que les investisseurs ne décident pas de se jeter sur l'or à un tel cours...

Passons maintenant à notre indicateur préféré – ou presque – : la moyenne mobile à 144 jours. Si vous êtes un lecteur de longue date, vous connaissez bien cette moyenne des cours de l'or sur les 144 derniers jours. Depuis 2009, elle sert de support à toutes les consolidations du métal jaune.



Or, lundi dernier, l'once est brièvement passée sous cette fameuse moyenne mobile qui nous servait si bien depuis quatre ans. Est-ce la fin de ce support ? Nous n'en savons rien. Il faut dire que nous entrons en un véritable territoire inconnu : les solutions à la crise de 2008 ont été les ferments de la crise actuelle. Autant dire que nous n'avons pas fini de connaître des creux et des rebonds, des krachs et faillites.

Si la moyenne mobile à 144 jours tient, l'or ne devrait pas chuter en-deçà des 1 580 $. Par contre, si elle tombe... la moyenne mobile à 1 an pourrait prendre le relai. L'or pourrait donc baisser jusqu'aux 1 500 $.

La main des marchés
Parmi les raisons de la chute des cours de l'or : l'intervention du Chicago Mercantile Exchange (CME), la plus grande place au monde pour les matières premières, a augmenté la marge nécessaire pour acheter des futures sur l'or. C'est la troisième fois depuis début juillet que le CME intervient ainsi. La marge a ainsi augmenté de 90%.

Si vous suivez de près le cours des métaux précieux, vous savez que le CME a agi de la même manière au printemps dernier en relevant la marge nécessaire pour jouer sur les contrats futures sur l'argent. Juste au moment où le cours du cousin pauvre de l'or atteignait de sommets.

Comment interpréter une telle décision. Soit comme une grossière manipulation. Soit comme une chance pour le cours des métaux précieux (l'un n'excluant d'ailleurs pas l'autre).

L'intervention du CME devrait permettre de purger le marché de l'or de la partie la plus "spéculatrice" de ses intervenants. De quoi nous faire espérer une hausse plus saine dans les mois qui viennent.

Eh non, la hausse n'est pas terminée !
Vous pensiez en avoir terminé avec l'or ? Allons, non ! Les fondamentaux sont toujours là. Pas besoin de vous les rappeler.

Alors certes, la Grande Apocalypse Financière n'est pas terminée. Nous pensons qu'un nouveau 2008 est de plus en plus probable. Dans ce cas-là, cela se passera mal pour l'or – comme en 2008.

L'or sera traité comme les autres actifs. Il sera vendu. Puis, comme en 2009, il va rapidement se reprendre. Parce que les Etats sont fragilisés et endettés. Parce que les devises sont touchées au coeur. Parce que les banques centrales ont injecté des milliards dans le système monétaire. Parce que les dominos tombent les uns après les autres (banques, entreprises, Etats). Parce que les crises s'enchaînent à un rythme infernal.

Que devez-vous faire ?
Vous nous posez la question ? Vraiment ?

Alors, je m'adresse à Vous, lecteur, qui m'avez écrit quand l'or était à 1 900 $. Vous vous inquiétiez, l'or vous semblait trop cher. Eh bien voilà votre chance : l'or n'est pas cher !!!

Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’EPHE et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’INTD. Cécile Chevré participe à la rédaction de la Quotidienne de MoneyWeek, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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