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Chine, Inde, fonds d'investissement : pourquoi l'or n'a pas fini de grimper

En surface, notre métal jaune préféré

ne va pas très bien cette semaine. Le cours au comptant a varié dans une fourchette étroite autour de 1 380 $. Mais juste en dessous... nous sentons que quelque chose couve, écrit Addison Wiggin pour La Chronique Agora.

Les acheteurs au détail en Chine n'arrivent pas à s'emparer des lingots d'or assez vite. Ainsi, la prime à Hong Kong a atteint 3 dollars l'once au-dessus du cours au comptant, un niveau jamais vu depuis la Panique de 2008.

"Je n'ai plus d'or", a affirmé un courtier à Reuters. "Les primes sont très élevées. Certains disent qu'ils n'ont plus de réserves".

La faute à l'inflation -- officiellement à 5,1%, mais probablement le double -- et à l'approche de la nouvelle année lunaire. "Le secteur de la joaillerie a le vent en poupe", explique un autre expert à Reuters, "et offrir des lingots d'or en guise de cadeau est devenu très à la mode".

En outre, le premier fonds orienté or en Chine n'a eu aucun problème à atteindre son objectif de lever 500 millions de dollars. Lion Fund Management est né il y a à peine six semaines et, pour la première fois, propose à n'importe quel investisseur chinois d'accéder aux ETF aurifères étrangers.

Les fonds permettant aux Chinois d'investir à l'étranger étant très rares, il s'agit là de la plus grande offre depuis trois ans. Ce n'est sans doute guère une surprise pour le deuxième consommateur mondial d'or.

Entre temps, le premier consommateur d'or de la planète a établi des records d'importation l'année dernière. Les derniers chiffres ne sont pas encore disponibles mais les achats indiens se sont grosso modo élevés à 800 tonnes -- une augmentation massive par rapport aux 557 tonnes de l'année précédente, selon le World Gold Council.

La demande d'investissement pour l'or en lingots a grimpé en flèche de 73% en un an, au 30 septembre, affirme Ajay Mitra, analyste au Council. "Le prix n'est plus un facteur", ajoute-t-il : les acheteurs indiens n'attendent plus une baisse violente de 10% avant de revenir sur la valeur.

Nous avons visité des marchés de l'or à Mumbai et à Pékin l'année dernière et pouvons témoigner du désir irrationnel qu'éprouvent les acheteurs lorsqu'ils s'approchent de cette matière.

"Il y a deux principaux guides à la demande d'or", affirme Frank Holmes, directeur de US Global Investors, qui aident à mettre en perspective la demande : "la transaction-refuge et la transaction-émotion".

La transaction-refuge est celle qu'on connaît en Occident, "encouragée par des taux d'intérêt réels négatifs -- où l'inflation est supérieure aux taux d'intérêt nominal -- et le déficit budgétaire. Lorsque vous avez des taux d'intérêt réels négatifs accompagnés d'un déficit budgétaire grandissant, l'or a tendance à monter dans la monnaie de ce pays. Aux Etats-Unis, nous sommes en plein dans une période longue de taux d'intérêt réels négatifs qui durera probablement toute l'année".

Par comparaison, "la transaction-émotion est significative et unique à l'or", continue Frank. "Les gens achètent de l'or par amour et les populations des marchés émergents raffolent de ce métal. Dans la plupart des pays émergents il est de tradition d'offrir de l'or à ses amis et à sa famille à l'occasion des anniversaires, des mariages et pour les fêtes religieuses".

"Ce qu'il est important de se rappeler lorsqu'on étudie l'histoire de l'or est que dans les années 1970, la Chine, l'Inde et la Russie étaient des isolationnistes sans réelle influence sur l'économie mondiale. La population mondiale s'élevait alors à trois milliards d'individus ; aujourd'hui, nous assistons à un réveil en proportion".

"Ces pays croissent avec des politiques d'économie de marché et des dépenses massives dans les infrastructures. Dans les années 1970, l'or a augmenté du fait de la peur et de la guerre froide. Aujourd'hui, le monde est très différent et c'est l'amour de l'or qui motive son achat".

"Il est impossible de prévoir où se situera le cours de l'or dans 12 mois", conclut Frank, "mais nous pensons que le prix de l'or pourrait doubler ces cinq prochaines années. Cela signifie en gros un rendement de 15% en capitalisant".

Addison Wiggin est le Directeur du Daily Reckoning, l'équivalent américain de La Chronique Agora. Mr Wiggin étudie, commente et écrit sur les marchés depuis plus de dix ans. Avec un master de philosophie de l’université de St John, il adopte un point de vue global et contrarien sur les marchés américains et mondiaux.

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