Articles & actualité

Bravo !... D'avoir osé. Car l'impact sera sanglant


Standard & Poor's tire la sonnette d'alarme.

Dit "tout haut" ce que tout le monde pense "tout bas".

Fait son travail -- pour une fois -- et abaisse la perspective des Etats-Unis de stable à négative, écrit Isabelle Mouilleseaux pour L'Edito Matières Premières et Devises.

Non. L'objectif n'est pas de couler le Titanic américain lancé à pleine vapeur vers un champ d'icebergs géants. L'objectif est de provoquer un "choc", qui doit provoquer une "réaction"...

A bâbord toutes !

"Des cigales à la puissance 10", vous dis-je
Car pour l'instant, les Américains ne font RIEN pour réduire leurs déficits. Pire, ils creusent un peu plus leurs tombes tous les jours.

"Des cigales à la puissance 10", vous dis-je... qui exploitent à fond le "privilège exorbitant" tant décrié par feu le général De Gaulle. Privilège qui tient au statut du "dollar roi" et qui leur permet d'inonder la planète de dollar pour vivre au-dessus de leurs moyens.

Une histoire de fous...
Je résume rapidement la situation :
1. Les banquiers et les financiers américains ont joué sans scrupule au jeu des subprime, qui leur a fait gagner beaucoup d'argent pendant longtemps.

2. Poussé à l'extrême, l'"Empire state" des subprime s'est effondré sur lui-même. Emportant avec lui tout le système financier et bancaire de la planète dans le gouffre.

3. Pour éviter une Grave Dépression type 1929, les Etats-Unis se sont massivement endettés pour "renflouer" le système bancaire en déperdition.

4. Ils ont prêté cet argent aux banquiers -- qui ont vite fait d'accumuler à nouveaux des milliards de plus-values et des primes hallucinantes ! En échange, ces banques ont acheté la dette américaine, émise pour les "sauver".

Vous me suivez toujours ? On continue...

6. Cela n'a pas suffi. C'est alors la Fed elle-même qui s'est mise à racheter à tour de bras la dette américaine, émise au rythme effréné de cinq milliards de dollars par jour...

Elle s'en gave au quotidien.

A quand l'indigestion ?

Aujourd'hui, la Fed achète 70% des bons émis par le Trésor !
Et les bailleurs de fonds habituels des Américains ne sont plus là :

Le secteur privé n'achète plus : même PIMCO, le plus gros fonds obligataire du monde, a vendu ses Bonds. Trop risqué.

Le Japon rapatrie son argent pour se reconstruire.

Le Moyen-Orient est en proie à des tensions internes violentes et devra investir PLUS pour sa population. Et moins dans les T-Bonds... Réallocation sous pression oblige.

La Chine déborde de dollars dont elle ne sait plus comment se débarrasser et veut se diversifier en or et en euros.

Alors laissez-moi vous posez une question : si la Fed arrête son QE2 et n'achète plus la dette américaine. Qui l'achètera à partir du 1er juillet ?

Qui financera l'Oncle Sam aux abois ?

Je vous laisse méditer...

L'Etat américain est en faillite virtuelle
Le déficit budgétaire américain pour 2011 est attendu autour des 1 600 milliards de dollars. 11% du PIB. Oui, 11%, vous avez bien lu.

La dette publique américaine est de 14 400 milliards de dollars. Plus de 100% du PIB.

La dette globale (privée + publique) américaine est de 55 000 milliards de dollars... Vendre l'intégralité des actifs américains ne suffirait pas à la rembourser.

L'Etat américain est en faillite virtuelle. Et cette faillite est doublée d'une intense fuite en avant.

Les Etats qui ont atteint un niveau aussi critique d'endettement par le passé ont tous fini par imploser. En passant par la case hyperinflation/dévaluation.

Face à ce constat, à votre avis : combien de temps encore les investisseurs garderont-ils confiance dans le dollar... ?

Mais revenons au financement du "train de vie hallucinant" des Américains.

Les taux remonteront pour attirer le chaland. Et là, l'impact sera sanglant
Jusqu'ici, les Etats-Unis ont contenu la part des intérêts de la dette par rapport aux recettes fiscales, grâce à la baisse des taux d'intérêt.

Mais la hausse des taux est inévitable :
parce que la Fed va stopper son QE2 (à savoir le rachat par la Fed des bons du Trésor)
parce qu'il va donc falloir attirer le chaland. Et que les taux sont fonction de l'offre et de la demande... aussi.
parce que nous sommes en période inflationniste
parce que les perspectives d'une amélioration potentielle de la situation économique font monter les taux

Et que va-t-il se passer si les taux augmentent ?

Le service de la dette -- c'est-à-dire le paiement des intérêts -- va exploser. Et c'est précisément pour cela que Standard & Poor's a vu rouge hier.

Car à ce stade, le pire des scénarii serait...
... l'explosion des déficits budgétaires et des dettes publiques, le retour de la crise économique, une hausse du chômage, un assèchement des marchés de la dette rendant impossible de refinancement des Etats et des entreprises, et un écroulement des marchés boursiers.

Et pour une fois, ce n'est pas moi qui le dit, c'est Standard & Poor's. Je salue leur clairvoyance et leur tentative "d'électrochoc".

Mais rassurez-vous, nous n'en sommes pas là.

En revanche, Obama est là ! Vous vous en souvenez ? Yes we can...

Il y a urgence monsieur Obama.

Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l'Edito Matières Premières (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s'est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l'investisseur particulier de découvrir et de comprendre l'investissement sur ce marché des matières premières.

Voir tous les articles de Isabelle Mouilleseaux.

 

Avertissement : Tous les articles publiés ici ont pour but d'informer votre décision, et non pas de la guider. Vous êtes seuls à pouvoir décider du meilleur placement possible pour votre argent, et quelque soit la décision que vous prenez, celle-ci comportera un risque. Les informations ou données incluses ici sont déjà peut-être dépassées par les événements, et doivent être vérifiées d’une autre source, au cas où vous décideriez d’agir. Voir nos termes et conditions.