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4 raisons à la baisse de l'or. 6 raisons à la hausse de l'or

4 raisons à la baisse de l'or. 6 raisons à la hausse de l'or


Les cours de l'or montent et descendent, écrit Simone Wapler pour La Chronique Agora.


Ce mois-ci, l'or baisse parce que :
- l'économie chinoise ralentit ;

- la Fed a provisoirement débrayé sa planche à billets ;

- les gérants de fonds procèdent à leur window dressing (présentation de vitrine toute proprette et alléchante pour attaquer 2012). Vendre de l'or qui est en positif sur l'année permet d'afficher une performance globale moins médiocre. Or, tout bon gérant se doit de faire "mieux que son indice de référence". Si donc, l'indice de référence fait -10%, mais qu'en vendant un peu d'or, le fonds affiche -8%, tout va bien ! Au passage, peu importe que le client du fonds ait perdu de l'argent, ce n'est pas le fond du problème ;

- les gérants de hedge funds procèdent à leurs ventes pour pouvoir rembourser les clients qui demandent le retrait de leurs fonds. On ne sort pas d'un fonds spéculatif d'un clic de souris. Les sorties se préparent. Ces fonds spéculatifs ou de couverture ont connu une année 2011 calamiteuse, même pour des stars comme John Paulson.

Depuis 10 ans, l'or monte parce que :
- l'expansion du crédit privé est devenue insoutenable, sans aucun rapport avec l'économie réelle. Les produits dérivés de l'économie virtuelle représentent 700 000 milliards de dollars ;

- l'expansion du crédit public est devenue insoutenable, sans aucun rapport avec les recettes réelles des Etats. Le crédit avoué (qui ne prend pas en compte les hors bilans des promesses de retraite et redistributions sociales) est de 230% du PIB au Japon, 100% aux Etats-Unis, 90% dans la zone euro, 85% en France, et 80% en Allemagne ;

- les taux d'intérêt sont en dessous de l'inflation, par conséquent la valeur stockée dans les plus grandes monnaies (dollar, yen, euro, livre et franc suisse) s'évapore avec le temps.

L'or va continuer à monter parce que :
- l'expansion de crédit va continuer en 2012 : les pays développés ont besoin d'émettre 10 000 milliards de dollars supplémentaires de dette fraîche ;

- en face, pas d'épargne puisque pas de croissance. De toute façon, même en supposant (comme l'explique Bill Bonner dans une de ses récentes chroniques) que le monde épargne 10%, le PIB mondial étant de 50 000 milliards de dollars, il va manquer quelque 5 000 milliards de dollars...

- dans un monde logique, lorsqu'une chose se présente en surabondance, ses prix baissent. Dans le monde des obligations, si tout le monde se retrouve en concurrence, les taux montent. Il serait donc logique que les taux d'intérêt montent. Dans le monde faussé dans lequel nous vivons, les taux ne monteront pas car les 5 000 milliards de dollars manquants seront imprimés ;

- ils seront imprimés car aucun Etat des pays développés ne peut s'acquitter de taux d'intérêt décents sous peine de faillite ;

- par conséquent, les taux d'intérêt resteront en dessous de l'inflation, et la valeur stockée dans les plus grandes monnaies (dollar, yen, euro, livre et franc suisse) va continuer à s'évaporer avec le temps ;

- comme les banques centrales des pays émergents possèdent énormément de papier dont la valeur s'érode dans le temps, elles vont continuer à vouloir acheter de l'or.

"C'est bien beau tout cela", me direz-vous, "mais pour le moment, c'est tout l'inverse qui se passe. Le dollar monte, les taux d'intérêt à 10 ans sur les bons du Trésor sont repassés en dessous de 2% et l'or baisse. Jusqu'où ira-t-il ? Dois-je me préparer à perdre ma chemise ?"

Non, pas tout de suite.

Souvenez-vous du call de Beijing.

Jusque-là, dès que l'or effleure les 1 600 $, il est ramassé par la Chine.

Le 14 décembre 2011, le call de Beijing a été enfoncé, car la Chine va peut-être passer en mode "atterrissage brutal", selon le langage convenu.

La croissance chinoise va être plombée par nos affaires européennes puisque nous sommes leur gros client. Dans ce cas, le deuxième niveau de support, devient 1 400 $ l'once. De 1 923,70 $ l'once (top de l'été) à 1 400 $ l'once, ce serait une consolidation de -27%.

Cela peut paraître beaucoup pour les nouveaux venus, mais croyez-moi, depuis 10 ans que dure ce marché haussier, nous en avons vu d'autres, notamment en 2006 et en 2008.

Vous savez que nous sommes rentrés dans la crise du crédit souverain subprime. Nous assistons à de violents soubresauts qui ne sont probablement que les prémices de la faillite d'un grand Etat (Espagne, Italie, Royaume-Uni, France...).

Une telle faillite serait évidemment bien plus grave que celle de Lehman Brothers. Si l'or devait repasser sous 1 000 $ l'once, le grand marché haussier serait définitivement cassé. Mais pas avant.

Comme déjà dit et redit, notre grand marché haussier reste sain tant que les taux d'intérêt servis par les grandes monnaies sont inférieurs aux taux d'inflation, c'est-à-dire tant que ces monnaies s'avèrent incapables de stocker de la valeur dans le temps. Le jour où un grand Etat vous servira un intérêt réel positif, il sera temps de vendre une bonne partie de votre or.

Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart's... Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements « tangibles ». Elle analyse chaque mois le secteur aurifère et les marchés étrangers dans la lettre d'investissement Vos Finances - La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l'Edito Matières Premières ou dans différents rapports d’investissements.

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