Toujours plus haut (I)
Energie : dernier record : 103 $ le baril
Le pétrole est toujours aussi fortement soutenu par la spéculation. Le WTI affichait vendredi après-midi 102,17 $ livraison avril sur le Nymex. Le Brent 100,72 $ sur l'ICE londonien, même échéance.
Notez que le Light sweet crude oil a touché 103,05 $ cette semaine. Du jamais vu.
La combinaison diabolique d'un dollar déclinant (il a touché 1,5239 $ pour un euro !) et de pressions inflationnistes toujours plus fortes s'est imposée aux yeux des investisseurs comme déterminante. Le pétrole -- tout comme l'or -- est une assurance "tous risques" de plus en plus appréciée. Les fonds réorientent leurs capitaux vers les marchés matières au sens large -- les marchés immobiliers, obligataires et même actions étant bien moins prometteurs.
L'OPEP reste inflexible : aucune hausse des quotas n'est à prévoir. Le salut ne viendra pas de là.
Quant aux autres données fondamentales, elles sont passées "inaperçues". Ni le retrait de l'armée turque du nord de l'Irak, ni l'évolution du stock de brut US, qui traduit une baisse de la demande américaine, n'ont pu calmer la spéculation. C'est tout de même la septième fois consécutive que le stock de brut américain augmente. A tel point qu'il se situe 7% au dessus de son niveau moyen enregistré sur les cinq dernières années, à la même période.
Métaux précieux : toujours plus haut
Mêmes causes, mêmes conséquences. Le cours de l'or a encore grimpé. Le rally se poursuit. Le tout dans des volumes impressionnants (également valable pour l'argent).
Plus le dollar s'affaiblit, plus l'inflation est vive, et plus les capitaux affluent vers l'or et les métaux précieux, à la recherche d'une assurance tous risques. Plus les nouvelles économiques en provenance des Etats-Unis sont médiocres, plus la spéculation quant à une nouvelle baisse des taux de la Fed va bon train. Et plus la Fed baisse ses taux, plus le dollar pic du nez et de nouvelles hausses de prix sont à craindre. On en arrive à parler de "stagflation" ! Un cercle vicieux, presque infernal...
Livraison avril, l'or affichait 974,4 $ l'once sur le Nymex. Les 1 000 $ sont en ligne de mire.
L'argent a suivi la tendance, en rattrapant le temps perdu : 10% de hausse sur la semaine ! Il cotait 19,78 $ l'once sur le Nymex vendredi. Les 20 $ ne sont plus qu'à une encablure. Le palladium est lui aussi tiré à la hausse. Il cotait vendredi à Londres 565 $.
Métaux de base : jusqu'où peuvent-ils encore grimper ?
C'est l'euphorie. Depuis mi janvier, plus rien n'arrête les matières premières. Qu'on parle d'énergie, de métaux précieux ou industriels, de céréales... partout le curseur est orienté à la hausse.
Mon sentiment ? Le scepticisme...
Fondamentalement, les métaux de base n'ont pas de raison de rebondir comme ils le font depuis plus d'un mois. C'est du moins mon avis personnel.
Pourquoi ? Parce que la demande en provenance du marché américain ne peut que se réduire. La crise immobilière bat son plein, le ralentissement économique est de plus en plus net, la consommation américaine qui soutient tout ce fragile édifice est heurtée de plein fouet : le patrimoine immobilier des ménages se déprécie de jour en jour, les restrictions de crédit sont nettes, les prix à la consommation sont en hausse... Comment des ménages surendettés et dont le pouvoir d'achat diminué peuvent-ils continuer de consommer massivement ? J'ai un très gros doute... Et les chiffres de l'emploi ne sont pas pour me rassurer !
Alors tout le monde nous dit que la Chine va "compenser" le ralentissement économique en provenance des Etats-Unis. Le fameux découplage... Sur ce point, j'attends de voir. Disons que les propos et descriptions de mes amis qui reviennent de Chine ne me rassurent pas. Mais de là à en tirer des conclusions macroéconomiques, il y a un pas que je ne franchirai pas.
Donc nos métaux sont "boostés" par la baisse du dollar. Et surtout par un mouvement de transfert massif de liquidités des marchés actions, obligataires, immobilier, devises... vers les matières premières. D'une façon générale, les matières premières sont devenues le "havre de paix" que recherchent les capitaux en mal d'assurance.
Et plus ce mouvement est puissant, plus on tend à se déconnecter des véritables fondamentaux du marché. Voilà qui devrait nous inciter à la prudence...
Le cours du nickel a explosé suite à une grève dans la mine de nickel Cerro Matoso de BHP Billiton, en Colombie. Objectif de la grève ? Le personnel réclame le remplacement des effectifs qui ont quitté le site. Le recul de la production de nickel fait grimper le cours plus que de raison, tant la spéculation est vive.
L'aluminium est passé au-dessus du seuil des 3 000 $ la tonne, ce qui n'était pas arrivé depuis mai 2006. Les propos du producteur russe Rusal n'ont fait qu'accroître la pression sur les cours à la hausse. D'après lui, les coûts de production de la tonne d'aluminium ont fortement grimpé. Il s'attend par conséquent à une forte hausse des prix de l'aluminium. Je vous rappelle que la production/raffinage d'aluminium est extrêmement énergivore. Les Moyen-orientaux ont trouvé la parade : installer les complexes de raffinage de l'aluminium directement sur les gisements de brut !
Cuivre : il caracole toujours à des niveaux incroyables ; des niveaux qu'il avait atteint en mai 2006. Quelque chose m'interpelle : les stocks de cuivre sont en hausse à la bourse de Shanghai, en baisse sur le LME. On dirait que les stocks se déplacent d'une bourse à l'autre, sous l'effet de la spéculation.
En tout cas, et depuis des mois, on constate que les Chinois ont tendance à réduire leurs achats au-delà des 8 000 $ la tonne et à reconstituer leurs stocks en-dessous de ce seuil, et notamment lorsque les cours passent en dessous des 7 000 $ (pour mémoire, mi décembre, le cuivre cotait quelque 6 500 $ !).
Etain : le marché de l'étain est très étroit. Les vives pressions sur les cours à la hausse viennent pour une fois du Congo. L'Etat a suspendu ses activités minières dans la province du Walikale, région riche en étain. L'offre va donc s'affaiblir, or le marché est tendu.
Zinc : il a été soutenu par des facteurs techniques très porteurs, ainsi que par la hausse du dollar bien sûr. Le cours du métal vient de franchir sa moyenne mobile à 100 jours, ce qui a déclenché un mouvement d'achat puissant.