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Platine, argent, aluminium et soja mènent la danse !

Energie : la Chine et l'OPEP font rebondir le cours du baril
Malgré des chiffres économiques américains moroses, les cours du pétrole repartent à la hausse ! Le WTI livraison mars affichait ainsi 96,25 $ le baril sur le Nymex vendredi et le Brent 95,67 $ sur l'ICE, même échéance.

Premier facteur de soutien : la faiblesse du dollar (anticipations de baisse des taux et de ralentissement économique...)

Second facteur de soutien : la Chine reste très perturbée par son enneigement massif. Je vous rappelle qu'elle fonctionne essentiellement au charbon. Or l'approvisionnement en charbon étant actuellement très perturbé, la Chine n'a qu'une seule alternative : se tourner vers le pétrole pour satisfaire la demande interne. Du coup, ses importations de brut augmentent, ce qui pèse fortement sur le cours du pétrole.

Troisième facteur de soutien : la position de l'OPEP. D'après ses estimations, la demande de brut devrait diminuer dans les semaines à venir ; pas question donc d'accroître la production. L'Organisation se posera plutôt la question de savoir s'il ne faudrait pas réduire les quotas de production ! L'OPEP a manifestement décidé de maintenir le cours du pétrole au-dessus des 85 $ le baril et elle a les moyens de ses ambitions.

Métaux précieux : le platine à plus de 2 100 $ ce midi !
L'or reste l'assurance "tous risques" la plus prisée. Et sa tendance haussière reste entière à long terme.

Concernant le court terme : en milieu de semaine, la tendance s'est affaiblie à la suite de prises de bénéfices et d'importations d'or en recul en Inde au mois de janvier : la demande émanant de l'industrie de la bijouterie recule suite à la forte hausse des cours du métal.

En fin de semaine, l'or repartait cependant à la hausse, faiblesse du dollar et hausse de l'inflation aux Etats-Unis aidant. Les spéculations quant à une nouvelle baisse des taux par la Fed faisant à nouveau surface. Le fort rebond du brut (générateur d'inflation) constitue un facteur de soutien fort pour l'or.

L'argent a suivi la tendance de l'or. Touchant en début de semaine un record de presque 30 ans à 17,64 $ l'once.

Quant au platine, on ne le retient plus : 2 086 $ en fin de semaine dernière, 2 102 $ à midi !

C'est confirmé à nouveau : les coupures électriques dont souffrent les mines et les hauts fourneaux sud-africains vont se poursuivre jusqu'en 2012. Le recul de la production de platine enregistré en 2007 -- je vous rappelle qu'elle avait déjà diminué l'an passé pour raison de conflits sociaux et de grèves -- va sans aucun doute s'amplifier. Or la demande est tendue, le déficit du marché ne peut que croître.

Autre point : la détention de platine par les organismes émetteurs d'ETF platine destinés aux particuliers aurait doublé depuis le début de l'année ! Ce qui constitue un facteur supplémentaire de soutien.

Nombreux sont ceux qui voient le platine à 2 500 $ ! Et bien entendu, il tire avec lui le palladium dont je vous parlais la semaine dernière. Palladium qui a touché un nouveau point haut à 443 $ la semaine dernière. Et au moment où je vous écris, le palladium affiche déjà 456 $ !

Métaux industriels : l'aluminium à la fête !
Vous le savez si vous nous lisez régulièrement, globalement les prix des métaux de base ont rebondi les dernières semaines. Les intempéries en Chine n'ont fait qu'amplifier ce rebond, notamment pour l'aluminium et le cuivre.

Mon sentiment ? Sachant que la récession menace aux Etats-Unis, je pense que les prix ne pourront pas monter beaucoup plus haut. Nous sommes au maximum de leur potentiel. Nous voilà revenu à des niveaux de cours que nous avions l'habitude de voir lorsque l'économie était encore en bonne santé.

La neige chinoise ne doit pas nous aveugler... Attendez-vous à un retour de bâton.

Les prix du cuivre sont restés à des niveaux de cours élevés sur la semaine, soutenus par des stocks en forte baisse sur le LME : en recul de 16 100 tonnes à 150 650 tonnes. C'est la plus importante baisse enregistrée depuis octobre 2005. En cause : la très forte demande chinoise.

Les importations chinoises de cuivre s'envolent car l'enneigement est tel qu'il empêche les entreprises de fonctionner (fermeture partielle ou totale d'usines de production et de raffineries à cause de coupures électriques ou de livraisons impossible à la suite de l'enneigement massif...). La production interne de cuivre étant mise à mal, la Chine doit faire appel à l'extérieur.

Autre facteur de soutien : la faiblesse du dollar qui dope la demande pour les matières.

L'aluminium est à la fête. Il a atteint son plus haut niveau depuis six mois.

Premier facteur de soutien : Eskom (l'EDF sud-africain) serait en train de négocier avec les producteurs d'aluminium sud-africain et du Mozambique le rachat d'électricité (pour toute l'année 2008). Objectif : résoudre la crise énergétique. Il se pourrait très bien que certains hauts-fourneaux trouvent plus rentable de vendre leur électricité à Eskom que de produire de l'aluminium ! Nous avons déjà vu cela il y a quelques années aux Etats-Unis. Voilà qui fait frissonner les marchés.

Un seul exemple : si BHP Billiton arrêtait de produire de l'aluminium en 2008, cela créerait un déficit d'un million de tonnes sur le marché de l'aluminium pour l'année en question ! Alors que nous sommes actuellement en excédent de 200 000 tonnes.

Restons en Afrique du Sud avec BHP Billiton. L'entreprise a annoncé que sa production restait perturbée par des coupures électriques, malgré une baisse de 10% de sa consommation électrique (à la demande d'Eskom). De telles coupures, si elles persistaient, pourraient entraîner une baisse de la production de 650 000 tonnes !

Autre facteur de soutien : les inondations en Australie. Dans la région du Queensland la pluie ne cesse de tomber. A tel point que les producteurs de charbon ne peuvent plus livrer : "cas de force majeure" ! Voilà qui fait grimper le prix du charbon. Or les usines d'aluminium sont extrêmement énergivores. Tour ceci va doper les coûts de production et pourrait bien perturber la production d'aluminium.

A cela s'ajoute la chute de la production d'aluminium en Chine du fait de conditions climatiques extrêmes. Chalco vient de redémarrer son usine dans la province de Ghizhou, qui tourne pour l'instant à 1% de sa capacité. L'entreprise -- l'un des plus gros producteurs d'aluminium chinois -- a averti qu'il faudrait des mois avant que l'usine ne retrouve son niveau de production d'avant crise.

Parallèlement, les autorités chinoises auraient donné l'ordre que l'électricité soit rétablie partout pour la fin mars.

Concernant le nickel : le marché est resté excédentaire en décembre dernier, de quelques 9 500 tonnes, pour le troisième mois consécutif. Pour l'année 2007, la demande s'est affichée en baisse de 5,7% par rapport à 2006, à 1 321 millions de tonnes. Parallèlement, la production s'est élevée à 1 428 millions de tonnes, en hausse de 5,1%.

Mon opinion reste inchangée sur le nickel : il y a surproduction d'acier inoxydable (inox). Et le prix du nickel reste trop élevé si l'on tient compte du niveau des stocks et de la demande potentielle. Je vise toujours un objectif de cours inférieur à 25 000 $ la tonne.

Petit mot sur le zinc qui est en fort repli -- notamment à cause d'une nouvelle hausse du stock.

Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l'Edito Matières Premières (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s'est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l'investisseur particulier de découvrir et de comprendre l'investissement sur ce marché des matières premières.

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