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Et si la bourse et les marchés obligataires chutent… où ira l’argent ?

" Après une entame de mois de décembre laborieuse, Wall Street a fini la semaine en beauté. Les marchés américains sont ainsi parvenus à effacer en quelques heures les pertes des quatre séances précédentes ", écrit Philippe Béchade pour La Chronique Agora.

Contenu re-publié.

Loin de s’aligner sur les lourds dégâts subis par les places européennes, les scores hebdomadaires sur les indices US s’avèrent proches l’équilibre. Le Dow Jones (+1,25%) renoue avec les 16 000 points à 16 020 points, soit -0,4% hebdo ; de son côté, le S&P 500 (+1,12%) repasse au-dessus des 1 800 à 1 805 points, soit un score global de -0,04%.

A noter que le Nasdaq gagnait 0,75% à 4 065 points. Il parvient ainsi à aligner une neuvième semaine de hausse consécutive (+0,1%).

Les opérateurs ont manifestement accordé davantage d’attention à l’aspect favorable des statistiques de l’emploi américain qu’au risque de voir la Fed réduire le rythme d’injection des liquidités avant fin 2013.

Charles Plosser, le patron de la Fed de Philadelphie, a été le premier à réagir sur les chiffres de l’emploi publiés vendredi à 14h30. Il juge les statistiques de novembre encourageantes mais se garderait bien de les considérer comme un élément suffisant pour considérer que la reprise du marché du travail est définitivement sur de bons rails.

Il convient cependant qu’il est possible d’envisager une réduction en douceur — et avec l’approbation du marché — du montant des rachats mensuels de la Fed (85 milliards de dollars actuellement).

Les statistiques publiées depuis mardi dernier militent en effet pour une lecture optimiste de la situation macro-économique aux Etats-Unis.

En marge des chiffres de l’emploi, le département du Commerce US a publié vendredi une hausse de 0,3% des dépenses des ménages en octobre, après une augmentation de 0,2% en septembre, alors que le consensus tablait sur une hausse de 0,2%.

La surprise provient du recul de 0,1% des revenus des ménages (+0,3% anticipé) alors qu’ils avaient progressé de 0,5% le mois précédent.

En ce qui concerne le rapport mensuel sur l’emploi publié vendredi par le département du Travail, l’économie américaine a créé 203 000 postes non-agricoles au mois de novembre (dont 176 000 dans le secteur privé). Un niveau supérieur aux attentes des économistes, qui tournaient autour de 180 000. De plus, le taux de chômage a diminué de 0,3 point à 7% de la population active au mois de novembre, alors que les économistes n’attendaient qu’un recul de -0,1% à 7,2%.

Charles Plosser explique toutefois qu’il s’agit d’un effet mécanique de la pyramide des âges et d’une accélération du taux de départs à la retraite… Un simple effet générationnel, pas la preuve suffisante d’un retour inexorable vers le plein emploi

Une embellie est en revanche incontestable du côté de la confiance des consommateurs. L’enquête de l’Université du Michigan pour décembre est ressortie à 82,5, en forte hausse par rapport à la précédente enquête qui avait traduit une dégradation à 75,1 (c’était juste après le shutdown).

▪ Qu’en disent les devises ?
L’essentiel de la réflexion des marchés va se tourner maintenant vers l’estimation du rythme de décrue des injections de liquidités. La probabilité d’un tapering dès le mois de décembre est maintenant évaluée à 50/50 — contre 75/25 en faveur de mars en début de semaine, mais Goldman Sachs continue de privilégier l’hypothèse du mois de mars.

La semaine passée restera également marquée par le puissant rebond du baril de pétrole sur le NYMEX (+0,5% à 97,8 $ et +6% sur la semaine écoulée) dans le sillage de bonnes statistiques ISM et de confiance des consommateurs.

Bien que cela soit très contre-intuitif de notre point de vue d’Européens, le dollar n’a pas connu de variations très tranchées face aux autres devises. Cependant, il a perdu près de 1,25% face à l’euro (à 1,3705), lequel a gagné le titre de monnaie la plus bullish de la semaine.

Nous accordons pour une fois un certain crédit à ceux qui soulignent que le raffermissement de l’euro — correspondant à autant de gain sur son portefeuille du point de vue d’un gérant américain — a certainement pesé pour moitié dans le recul de 3,5% en moyenne des indices de l’Eurozone. Les ventes de lassitude ont fait le reste après six semaines de plafonnement, soit le plus long épisode de ce genre en ce qui concerne le CAC 40.

La rechute de l’or dans la zone des 1 215/1 225 $ l’once semble attester la montée en puissance d’un consensus privilégiant le scénario d’un scénario potentiellement déflationniste à moyen terme. Cela renforce les dégagements liés aux anticipations de tension des taux longs en cas de tapering de la Fed. Mais hausse des rendements obligataires et scénario déflationniste sont la pire combinaison imaginable pour les actions.

Et si la bourse et les marchés obligataires chutent… où ira l’argent ?

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Philippe Béchade rédige depuis dix ans des chroniques macroéconomiques quotidiennes ainsi que de nombreux essais financiers. Directeur de la rédaction aux Publications Agora et intervenant quotidien sur BFM depuis mai 1995, il est aussi la 'voix' de l'actualité boursière internationale sur RFI depuis juin 2002. Analyste technique et arbitragiste de formation, il fut en France l'un des tout premiers 'traders' mais également formateur de spécialistes des marchés à terme.

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