L'or fait la course en tête...
Méfiez-vous des marchés
qui brusquement se braquent
Plus que jamais en ce moment, les marchés actions ont un visage humain, écrit Isabelle Mouilleseaux pour L'Edito Matières Premières & Devises. Ils semblent laisser libre cours à leurs émotions, ce qui se traduit par un retour en force de la volatilité. Il faut être joueur pour s'y aventurer, à condition de toujours savoir raison garder. Car si l'enthousiasme est la force qui vous permet d'agir et de gagner, c'est votre rigueur et votre méthode qui vous protègera, et vous sauvera si le marché devait brusquement se braquer...
La semaine s'est inscrite en baisse sur les marchés actions, avec toutefois un léger rebond en fin de semaine. Les investisseurs n'ont pas apprécié le flou artistique, qui enveloppait le plan de relance d'Obama de 789 milliards de dollars. D'ailleurs, ils n'ont pas plus apprécié l'intervention de Timothy Geithner et son plan de rachat des actifs toxiques des banques, ce qui a plongé les marchés dans le doute.
Jeudi, l'optimisme est revenu avec l'Australie, qui a réussi à faire voter son plan de relance de 42 milliards de dollars australiens. Ce jour-là, les chiffres américains des ventes de détail et d'inscriptions hebdomadaires au chômage étant ressortis meilleurs que prévus, ont également redonné un peu d'élan aux marchés. Mais c'est surtout l'idée d'Obama de mettre sur les rails un plan d'aide massif à l'attention des propriétaires de logement, pris à la gorge par leur surendettement, qui a revigoré les marchés.
1. Energie : les stocks pleins à craquer pèsent sur les cours
Le contrat future WTI échéance mars a été fortement chahuté cette semaine, revenant jeudi jusqu'à 33,50 $ le baril.
Le marché est toujours maintenu sous pression par des stocks records de brut, qui s'accumulent à Cushing dans l'Oklahoma. Des stocks à tel point pleins à craquer que les investisseurs sont obligés à présent de vendre à bas prix leur brut, celui-ci ne pouvant plus être stocké faute d'infrastructures disponibles. Mêmes les bateaux à quai et sur les mers sont pleins. Les opérateurs ont stocké un maximum de brut pour profiter des prix de vente futurs anticipés en hausse (courbe contango).
Autre problème : il y a débat sur la réalité de la baisse de la production de l'OPEP. Selon le ministre algérien du pétrole, 85% de la baisse entérinée à Oran aurait déjà été traduite dans les faits. Selon Oil Movements (cabinet privé), seulement 50% de la réduction décidée de 2,2 millions de barils par jour aurait été mise en oeuvre. Il y a doute, et les marchés n'aiment pas le doute.
Les perspectives ?
Du point de vue de l'analyse graphique du Brent : "La phase de temporisation actuelle prend finalement la forme d'un triangle de consolidation", commentait Marc Dagher dans L'Investisseur Or & Matières. "Cette figure étant une figure de continuation, les cours devraient repartir à la hausse et dupliquer l'amplitude du mouvement précédent l'entrée dans ledit triangle, ceci tant que les 40,50 $ ne sont pas clairement enfoncés."
Vendredi, le Brent cotait 45,05 $ livraison avril sur l'ICE, et le WTI échéance avril 41,80 $ sur le NYMEX.
2. Métaux précieux : l'heure de l'or
Très belle semaine de hausse pour l'or. Le pessimisme ambiant lui va comme un gant. Il s'en délecte...
A tel point que notre once est allée admirer le paysage macroéconomique ravagé par les doutes et les incertitudes du haut d'un nouveau sommet, à 953 $. Un point haut depuis juillet 2008.
Même en euros, l'or bat un nouveau record, historique cette fois, à 743 euros. Enfin, notez que le prix d'une once American Gold Eagle vient de franchir les 1 000 $. Un premier pas est franchi...
Evolution du cours de l'or en US $ depuis un an
Quant à la hausse du billet vert, l'once n'en à que faire. Reste à savoir si cette décorrélation est durable ou temporaire.
Les investisseurs continuent d'affluer en masse vers l'or, considéré par ces temps chahutés comme le seul refuge viable et pérenne. Le plus gros ETF or (SPDR Gold Trust) a annoncé sur la semaine une hausse des volumes traités de 100 tonnes d'or. Les réserves d'or du fonds s'élèvent à présent à 970 tonnes, un nouveau record. Notez également que les 15 fonds ETF or les plus importants détiendraient actuellement 1 432 tonnes d'or, soit plus que l'intégralité des réserves d'or de la Banque centrale suisse. C'est vous dire l'engouement des investisseurs...
Vendredi toutefois, l'or marquait une pause devant l'amélioration du sentiment boursier, revenant en fin de journée à 939,5 $ au comptant à New York.
Les perspectives ?
Marc Dagher écrivait dernièrement dans L'Investisseur Or & Matières : "l'or reste au sein de son canal haussier et est nettement repassé au-dessus des 900 $ l'once. Après avoir dépassé la forte oblique de résistance baissière, qui contentait les pressions acheteuses depuis juillet 2008, plus rien ne semble venir pouvoir mettre des bâtons dans les roues du métal jaune. Vous pouvez viser le fameux seuil des 1 000 $ l'once avant un retour sur le plus haut autour des 1 033 $. Ce scénario reste valable tant que les 900 $ ne sont pas enfoncés".
Et Nicolas Rémy de renchérir dans Signal Matières & Devises : "en matière de prise de position attractive, il me semble que les métaux précieux nous offrent des possibilités plus intéressantes à exploiter. Ces derniers bénéficient de leur aspect 'valeur refuge' et sont graphiquement inscrits dans des tendances haussières qui me paraissent durables. L'or se dirige même vers ses plus hauts niveaux historiques".