La Fab Finance, c'est fabuleux
L'idée, c'est de refourguer des paquets visqueux
de dérivés de dettes à des gens qui ne savent pas ce qu'ils font. Servir des grumeaux à des gogos, en d'autres termes -- comme dans une cantine de lycée, écrit Bill Bonner pour La Chronique Agora.
Parfois, les victimes sont des banques allemandes. Parfois ce sont des fonds de couverture. Et parfois... oui... les victimes, c'est nous.
Voilà comment ça fonctionne. L'individu lambda ne peut rembourser son prêt hypothécaire ; le prêteur enregistre donc une perte. Il fait faillite, et la banque enregistre une perte. Si bien qu'une autre banque, celle qui a acheté la bombe à retardement du dérivé de dette, fait faillite. Les autorités entrent alors en scène et reprennent la dette. Et elles y ajoutent des milliers de milliards de dollars, affirmant protéger tout le monde de tout...
... La personne qui n'a pas épargné pour sa retraite s'en voit verser une par l'Etat. Les banquiers sont renfloués. General Motors est renfloué. Les agriculteurs obtiennent des subventions. Les gens les plus pauvres obtiennent des coupons alimentaires. Les lobbyistes obtiennent des contrats...
... puis le petit gouvernement qui paie tout ça ne peut continuer... si bien qu'un plus grand gouvernement vient à la rescousse...
... puis les investisseurs achètent les obligations du grand gouvernement... parce qu'elles sont plus sûres... même si tout le monde est en fait dans le même bateau...
... et enfin le bateau coule ! Voilà ce qu'est la Fab Finance.
Tout le monde semble avoir gobé l'idée de "reprise", mais nous restons très sceptique. Certains des chiffres semblent avoir repris du terrain. Mais ils restent épouvantables... et vont probablement entamer un nouveau déclin.
Nous disons ça parce que les causes sous-jacentes de la crise ne sont toujours pas traitées... et parce que le gouvernement fait l'inverse de ce qu'il faudrait pour les traiter. Pour autant que nous puissions en juger, la plus grande injection de stimulants dans l'histoire de la race humaine a stabilisé le chômage US aux alentours des 10%... plus près des 20% si l'on utilise des critères un peu plus larges. Elle semble avoir stabilisé le marché de l'immobilier avec des prix en baisse de 20% à 30% (et le crédit d'impôts aux primo-accédants a expiré hier !). Et elle semble avoir ralenti la tendance à la hausse de l'épargne et à la baisse des dépenses de consommation.
Les investisseurs boursiers semblent penser que ça leur donne une excellente opportunité de gagner de l'argent. Mais il est difficile d'imaginer comment les actions pourraient grimper beaucoup plus haut alors que les vents du désendettement leur soufflent au visage... et que des icebergs de dette flottent toujours ça et là.
La semaine dernière, la dette grecque s'est détachée de la banquise et a promptement coulé. On peut désormais obtenir un rendement plus élevé des Grecs que des Argentins, ce qui démontre à quel point la dette grecque est devenue dangereuse.
Le chômage en Espagne atteint officiellement les 20%, et le pays est confronté à d'énormes problèmes de dettes lui aussi. L'Angleterre n'est pas loin derrière.
Il y a également la Chine. L'immobilier est à la baisse dans des quartiers de Pékin, certains ayant perdu jusqu'à 18%. Les actions chinoises baissent elles aussi, l'indice étant 20% sous son sommet récent.
Selon nous, le noble vaisseau de l'économie est au milieu d'eaux pleines d'écueils... et il fonce à toute vapeur.
L'argent intelligent met des gilets de sauvetage et achètent de l'or... tout en se dirigeant vers les canots de sauvetage.
Jules : "belles bottes, papa".
Nous : "oui, je les ai achetées à Salta. Faites sur mesure".
Jules : "je peux en avoir une paire, la prochaine fois que j'y serai ?"
"Nous : "bien sûr, mais ce gars ne fera pas de bottes pour le premier venu. Il te faut une recommandation. Et 800 pesos. Bon, en fait, tu auras probablement juste besoin de 800 pesos. Mais je te recommanderai quand même.
"Un homme n'aime pas donner le nom de son cordonnier... ou le numéro de téléphone de son cuisiner. Sauf si le cuisinier en question ne vaut rien".
Jules : "Papa, on n'a pas de cuisinier".