Les investisseurs sont " insensibles aux risques " et oublient l’or
L’investissement dans l'or n’est pas utile maintenant que les gestionnaires d’argent se sentent protégés des risques par des taux à 0.
L’on sait maintenant que la crise financière a soufflé sur une avalanche de cocaïne.
Que reniflent les traders aujourd’hui ? De l’héroïne, du chloroforme ? Des analgésiques de quelle que forme que ce soit, c’est sûr.
Les investisseurs sont « insensibles aux risques », estime l’analyste Dominic Schnider de la banque suisse UBS… trop insensibles pour acheter de l’or, estime-t-il. Remerciez les taux d’intérêt à zéro et l’assouplissement quantitatif.
La politique actuelle de la banque centrale agit comme un anesthésique, en bref, et les gens qui s’occupent de l’argent des autres sont dopés. Comment expliquer sinon que l’idée du tapering du QE en 2014 ait signifié qu’il y avait moins d’argent, même alors que les taux restent à zéro et que la Fed prépare 385 milliard de dollars de QE en plus ?
Le marché obligataire n’y a pas cru, mais il a continué à acheter des obligations… poussant les rendements des bons d’état de long terme encore plus à la baisse. Avec tout ce cash du QE et des taux à zéro dans leurs veines, les marchés obligataires sont aussi « désensibilisés » a indiqué à Bloomberg Marc Ostwald, maintenant chez ADM Investor Services à Londres.
Qu’est-ce que la douleur leur fera acheter quand leur bulle explosera ?
Un ami, un docteur en médecine générale à Londres depuis le début des années 1960, a été témoin de l’arrivée et de la croissance de l’utilisation des drogues à usage récréatif, notamment la cocaïne et les amphétamines.
« Ces drogue ont l’effet d’augmenter la confiance en soi des gens et entraînent une forte indépendance », a-t-il expliqué. Plus les gens en prennent, plus ils deviennent sûr d’eux-mêmes et plus ils agissent de façon exagérée en oubliant toute prudence.
Les grands fêtards du disco ont kraché avec l’épidémie de SIDA dans les années 1980 et 1990. Les tendances pour le public général semblent suivre 10 à 15 ans après, m’a confié mon ami, alors que la dépression de 2008 s’enlisait dans la faillite des Lehmans. « Pendant des années maintenant, on a rapporté que les billets de banque étaient contaminés par des traces de cocaïne, dans la City inclus, après avoir été utilisés pour snifer de la drogue par le nez. Je soupçonne que cette utilisation de cocaïne de plus en plus répandue se retrouve à la racine de la crise financière, même si je n’ai personnellement pas eu de contacts avec des utilisateurs de cocaïne depuis la fin des années 1970. »
C’en est trop ? Les journalistes qui lui ont parlé le pensent aussi. Mais alors que les espèces du QE et les taux d’intérêt ont envahi les marchés, le rôle de la coke dans la culture de Wall Street et de la City, si ce n’est directement dans l’argent, a commencé à être remarqué. Inside Job, le documentaire américain sur la bulle des obligations hypothécaires, cite la cocaïne comme facteur de comportement avec un appétit pour le risque à Wall Street. Les banquiers utilisent la cocaïne et nous ont mis dans ce terrible chaos, convient David Nutt, un professeur britannique, qui avait fait les gros titres en disant que l’ecstasy était aussi dangereuse que l’équitation. Avec une telle déclaration, il suppliait presque d’être virer de son poste de spécialiste des stupéfiants pour le gouvernement britannique en 2009. Nutt a qualifié la cocaïne de drogue parfaite pour les traders de la City, alimentant leur culture de l’excitation et de la frénésie et plus et plus et plus. C’est une drogue du plus.
D’autres experts ont pendant longtemps convenu qu’il y avait un lien aussi. Trevor Robbins, professeur en neuroscience cognitive à l’Université de Cambridge, avait confié à Bloomberg en 2009 que la dopamine (la drogue sécrétée par le cerveau et qui donne une sensation de bien-être) est produite quand on roule un billet de banque pour sniffer de la coke ou quand on roule un billet d’un client pour l’envoyer dans des investissements à haut risque. Les preneurs de risque professionnels ont apparemment des plus petits niveaux de récepteurs de dopamine, donc ils « essayent de secouer le cerveau vers une stimulation… ils deviendront aussi probablement plus dépendants. »
Ici en 2014, cependant, la prise de risque n’est pas à ce niveau. L’oubli des risques est la grande défonce, tellement excitante, qu’en fait, les traders pensent peut-être qu’ils peuvent voir le futur tout en étant bien au chaud dans l’étreinte du QE et des taux à zéro. Peut-être qu’ils ont raison de passer à côté de Gaza, de l’Ukraine, de la Lybie. « Le marché du pétrole semble encore être non affecté par les nombreuses sources de crises géopolitiques », a indiqué l’équipe des matières première de la Commerzbank. Elle appelle ceci « une attitude complaisante… incroyable au regard des risques considérables pour l’offre ».
Observons les marchés en dehors de l’occident industrialisé et l’on trouvera des pupilles contractées nous observant aussi, même là où la douleur réelle est présente et continue. Les indices boursiers principaux de Moscou sont peut-être erronés, chutant de plus de 10% avec les sanctions du mois dernier et les démonstrations de force commençant à faire effet. Mais cela n’a fait que porter le RTS vers des points bas de trois mois et il a glissé plus largement depuis 2011 de toute façon. Le rouble a chuté sans percer les 25% de sa tendance à la baisse de ces trois dernières années. Plus à l’Est, le coup d'état militaire en Thaïlande au mois de mai a à peine causé un blip dans les marchés boursiers de la région, a rapporté Business AsiaOne. Le yuan chinois semble immunisé contre les explosions lentes des bulles du crédit et de l’immobilier de la Chine, regagnant sa tendance à la hausse après avoir reculé de 3,5% au premier semestre. Le marché boursier de Tokyo se tient juste en-dessous de pics de cinq ans atteints en janvier, c’est un exploit qui nécessite un énorme soulagement de la douleur par le programme de QE de la banque centrale du pays pour pouvoir supporter une série de déflations incessantes et incurables au Japon.
Les équités dans le monde offrent donc des pics record, et l’émission de junk bond ou obligations à haut risque vient d’atteindre un pic record alors que le rendement payé aux investisseurs (via les gestionnaires d’argent) ont, eux, atteint des points bas record. La volatilité se retire vers des bas de plusieurs années partout, et encore plus sur le marché des devises.
Le risque ne compte pas quand rien ne peut vous faire de mal.
Et comme l’a prouvé la crise financière, les investisseurs ont tendance à utiliser de l’or comme une forme d’assurance financière. Donc les risques non existants d’aujourd’hui signifient un besoin moins perçu pour l’or.
Le meilleur actif négociable de la dernière décennie, l’or avait déjà triplé à partir de ses niveaux bas de 2001 au moment où les frères Lehman ont fait faillite en 2008. Acheter de l’or plus tôt paie le plus. Mais c’est difficile de trouver le bon timing au regard de la perspective plus large des gestionnaires de fonds et d’argent. Et il s’agit de leur mur d’argent, bien sûr, ce qui fait bouger en fait les cours vers le haut ou vers le bas.
L’accalmie habituelle de l’été pèse sans aucun doute sur les cours de l’or en ce moment. Mais toute intégration des risques dans les prix, avec le buzz du QE qui s’estompe (ou un sursaut de lucidité des investisseurs quand la Fed prépare la prochaine salve) pourrait bien faire sortir l’or de sa stupeur aussi.