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Ce que la faillite des Lehman a fait à l’or

C’est peut-être la fin du monde…ou  il n’y a peut-être aucun souci à avoir.

Si c’est le premier cas, plutôt que le beau ciel bleu, comment réagiraient les métaux précieux ?

Entre la faillite de Bear Stearns en mars 2008 et la chute des frères Lehman six mois plus tard, le cours de l’or a dégringolé de 25%.

Le vrai commencement de la vraie crise, en d’autres termes, a été ignoré par la masse des investisseurs professionnels et privés. Ils assumèrent que les choses allaient bien. Elles étaient « contenues » selon l’expression de l’époque, et résolues par la Fed arrangeant un sauvetage du pire mécréant de la bulle du crédit.

En effet, les spéculateurs sur le marché US des contrats à terme et des options sur l’or ont divisé par deux leurs paris haussiers sur l’or et ont multiplié par deux leurs paris baissiers en tant que groupe. Qu’est-ce qui aurait pu mal tourner ?

La banque qui s’est le plus mal comportée n’était pas la plus grande, ni la pire. Et quand l’édifice s’est vraiment effondré, la ruée vers l’or a commencé dans le contexte de la pire dégradation du commerce et du crédit dans le monde depuis les années 1930.

Au début, les cours de l’or ont explosé. Puis ils ont coulé avec tout le reste, perdant 100 dollars par jour à un moment pour atteindre des points bas de 13 mois, soit un tiers sous le pic de Bear Stearns de mars 2008.

Comment est-ce possible ?

Alors que la demande physique des gestionnaires d’investissement de « real money » ou d’argent réel et des particuliers a bondi, elle a aussi détruit la plupart du crédit financier nécessaire par les hedge funds et les autres spéculateurs qui pariaient via le marché US du Comex des produits dérivés que l’or augmenterait. Les cours de l’argent ont été plus fortement touchés, comme nous l’expliquions alors que le calme revenait.   

C’est le monde à l’envers ? La relation entre les paris sur les produits dérivés et le cours de l’or est peut-être sujette à controverse. Que le négoce des dérivatives détermine le prix du physique sur le long terme est pour le moment loin d’être clair. Mais le fait est que le positionnement des participants spéculatifs montre une corrélation positive très forte avec les prix sur le court terme.

D’une semaine sur l’autre, la corrélation moyenne des cours de l’or en dollars avec les positions nettes spéculatrices acheteuses ou long, a été de 0,87 ces 20 dernières années. Ce serait de 1,00 si les deux bougeaient dans la même direction parfaitement de concert. Une mesure supérieure à 0,70 est considérée comme très fortement positive par les statisticiens. Vous pouvez voir le lien de corrélation récent ici.

Est-ce qu’une faillite du type de celle des Lehman, si elle a lieu, pourrait forcer l’or encore plus à la baisse en 2015, à cause d’une perte du crédit de spéculation sur tous les marchés financiers aspirant de l’air des prix sur le court terme ?

Peut-être. La grande différence entre l’été 2008 par rapport à aujourd’hui est que les traders spéculatifs sont maintenant beaucoup moins haussiers. Ce groupe possède beaucoup moins de contrats haussiers au total (à peine 25% de ceux d’avant) mais détient aussi beaucoup plus de paris baissiers (presque quatre fois plus) qu’à la veille du dernier krach.

L’air chaud de ces crédits de produits dérivés est en bref maintenant gonflé par la pression baissière sur les cours de l’or. S’il venait à s’échapper brutalement, nous pourrions nous attendre à une hausse des prix, ou au moins à une sortie de la déflation que ces prix ont subi quand le crédit a été retiré d’un marché beaucoup plus haussier il y a six ans.

Ce n’est pas garanti, bien sûr. Si vous osez vous souvenir de la panique qui avait englobé il y a sept ans les marchés, les entreprises et les ménages dans le monde, vous vous souviendrez à quoi ressemble une vraie crise financière.  

Acheter une assurance contre la crise des crédits n’était pas si évident quand la fin du monde semblait si proche. D’où la volatilité.

Pour maintenant, et étant donné que les contrats à terme et les options réflétent le sentiment plus important des gestionnaires d’argent professionnels, remarquez que le ratio des paris haussiers et baissiers chez les traders spéculatifs se tient maintenant à un niveau non observé depuis 2002, en baisse sous le ratio de 1,5 paris haussiers pour un pari baissier.

Mettons cela en perspective avec la moyenne de ces 20 dernières années à 4,1, ou les pics de 2008 et 2009 proche de 15 pour un.

La complaisance qui a écorché l’industrie de l’investissement en 2008 est beaucoup plus importante aujourd’hui. Peut-être que la City, Wall Street, Francfort et les autres ont raison.

Ils le pensent certainement.

 

Adrian Ash dirige le bureau de recherches de BullionVault, un des moyens les plus simples et les plus économiques au monde d'acheter et d'investir dans l'or. Après avoir été responsable éditorial pour Fleet Street Publications -- l'homologue britannique des Publications Agora -- il a été correspondant du Daily Reckoning à la City de Londres pendant quatre ans. Il intervient désormais régulièrement dans les publications de 321gold.com, FinancialSense, GoldSeek, Prudent Bear, SafeHaven et Whiskey & Gunpowder ainsi que sur plusieurs sites internet d'investissement. Les points de vue d'Adrian sur le marché de l'or sont régulièrement repris par le Financial Times et AFX Thomson.
 
 

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