Amazon et Apple sauvés in extremis grâce à un arrosage de liquidités
Amazon et Apple font moins bien que prévu...
" Que vouliez-vous qu’il se passe durant les quelques heures précédent la publication des trimestriels de titres pesant 25% de la capitalisation du Nasdaq ? ", écrit Philippe Béchade pour La Chronique Agora.
Rien, n’est-ce pas ? Bon, l’effet était facile, surtout après coup, quand les indices américains ont effectivement clôturé sur des scores à faire bâiller un fan des Rolling Stones sous acide. D’ailleurs, avez-vous entendu parler du concert des Stones au Trabendo à la Villette hier soir, une sorte de répétition avant le concert de lundi à Mogador sponsorisé par Carmignac ?
Débranchons les amplis et revenons-en aux entreprises américaines dont les résultats étaient attendus avec tant de fébrilité. Un quart de la capitalisation du Composite ou 20% du S&P 100 d’un seul coup, cela doit en représenter du monde !
Mais comme nous ne voulions pas vous ennuyer avec une listes interminable de titres classés par ordre alphabétique, nous avons décidé de nous arrêter aujourd’hui à la lettre A.
▪ Amazon et Apple font moins bien que prévu
Pas besoin d’aller plus loin au demeurant puisqu’avec les seuls Apple et Amazon, nous les tenons, nos 25% d’un portefeuille équipondéré en valeurs du Nasdaq !
Cela a été deux grosses déceptions à une demi-heure d’intervalle. Amazon annonçait une perte de 0,23 $ (contre 0,08 $ anticipé) et revoit à la baisse son chiffre d’affaires pour le quatrième trimestre à 20,25 milliards de dollars au lieu de 22,75 milliards (malgré le rush des ventes de fin d’année).
Le titre a chuté jusqu’à 8% (en quelques secondes) après la publication des résultats, mais quelqu’un a convoqué les pompiers de toute urgence pour éviter qu’Amazon ne se retrouve carbonisé — huit milliards de capitalisation étaient virtuellement partis en fumée en une poignée de minutes. La grosse lance à liquidités est entrée en action et le cours est rapidement remonté à -1,5%.
Les soldats du feu commençaient tout juste à remballer leur matériel quand une nouvelle alerte rouge a retenti dès la publication des chiffres du géant boursier Apple a émis un profit warning pour la fin de l’année 2012.
La firme à la pomme a annoncé un bénéfice par action de 8,67 $ (contre 8,75 $ attendus) sur le trimestre écoulé et un chiffre d’affaires supérieur aux estimations (36 milliards de dollars contre 35,8 milliards de dollars). En revanche, elle revoit fortement à la baisse ses profits au quatrième trimestre (à 11,75 $ par titre contre 15,53 $ anticipés) et prévoit un chiffre d’affaires de 52 milliards de dollars contre 55 milliards de dollars espérés durant la période des fêtes.
Pour éviter un trou d’air comparable à celui observé sur Amazon une demi-heure auparavant, les cotations ont été suspendues durant 20 minutes (entre 22h30 et 22h50), le temps de faire venir des renforts des casernes de pompiers avoisinantes.
Cela a fonctionné puisque le titre a brièvement perdu 3% avant d’être ramené à l’équilibre à coups de milliards en transactions hors séance. Il a fallu dépenser l’équivalent du chiffre d’affaires de la Bourse de Paris ce jeudi (2,45 milliards d’euros) pour endiguer le raz-de-marée des ventes en after hour.
Il s’est échangé au total l’équivalent d’une semaine de transactions sur le CAC 40 sur le seul titre Apple (24 millions d’actions négociées, soit l’équivalent de 10 milliards d’euros) en additionnant les volumes traités durant la séance ordinaire plus les échanges observés sur les plates-formes électroniques entre 22h50 et minuit.
Si les pompiers de Wall Street avaient fait grève (comme nombre de leurs collègues dans la vraie vie qui eux ne sont plus payés ou ont été mis au chômage technique), le Nasdaq aurait pu se mettre en torche et nous aurions subi aujourd’hui un vendredi noir quatre jours après la date anniversaire du krach de 1987 (25 ans déjà)
▪ Les Etats-Unis vivent dans la crainte de la dégradation de leur dette souveraine
Cela aurait fait un peu désordre à 10 jours des présidentielles américaines. D’autant plus que les opérateurs s’étaient déjà fait peur quelques heures auparavant, avec des rumeurs de possible dégradation de la dette souveraine des Etats-Unis… ce qui pourrait très mal tomber pour Barack Obama.
Aucun chef d’Etat ne souhaiterait voir la note de son pays menacée d’un abaissement avant la fin de son mandat, à plus forte raison s’il postule pour un second.
Imaginez l’argument massue servi sur un plateau à son rival : “vous êtes le président qui a fait perdre son AAA à l’Amérique”. Nous doutons qu’une agence de notation prenne le risque d’interférer de façon potentiellement décisive sur le sort des élections… mais n’est pas Ben Bernanke qui veut !
Sans cette rumeur — qui refera rapidement surface après les élections américaines, n’en doutons pas — la dégradation de la tendance en Europe et à Wall Street serait restée largement inexplicable. La seule petite fausse note identifiable, c’était la déception ressentie à 16h lors de la publication des promesses de logements neufs qui ont progressé de 5,7%, égalant de justesse le consensus.
Mais nous avions vécu 90 minutes plus tôt un moment assez étrange. Aucune réaction des marchés au bond de 10% (9,9% précisément) des commandes de biens durables au mois de septembre (contre 8,2% attendus).
Une semaine auparavant (ou même lundi) les opérateurs bien intentionnés se seraient jetés sur l’occasion de faire grimper les indices boursiers de 1,5% en quelques secondes.
Mais jeudi à 14h30, le CAC 40 ou l’Euro-Stoxx 50 n’ont même pas décalé de 0,15% sur la nouvelle. Et ne parlons même pas des futures sur les indices américains qui ont vu leur avance passer de 0,4% à 0,6%, alors qu’ils venaient de perdre 2% au cours des deux séances précédentes.
C’était une occasion en or de casser les tibias aux vendeurs à découvert qui avaient triomphé sans trop transpirer la veille, vu la déferlante de mauvais trimestriels aux Etats-Unis, le plongeon du pétrole sous 86 $ et la chute du moral des industriels européens.
Mais faire courir les vendeurs est une facétie qui reste plaisante tant qu’elle ne coûte pas cher à ceux qui l’orchestrent. A notre avis, ceux qui ont réussi à éviter un grand plongeon (façon DuPont la veille ou Google une semaine auparavant) aux deux grand A du jour (Apple et Amazon) ont dû y mettre le prix.
Imaginez qu’avec une mise identique, les pompiers de Wall Street seraient parvenus à faire grimper le CAC 40 de 3,5% en un quart d’heure, si la fantaisie leur en avait pris… cela laisse rêveur !
Si jamais le CAC 40 devait reperdre 0,8% ce vendredi (jour de publication du PIB américain pour le troisième trimestre), il effacerait juste le terrain gagné la semaine précédente. Le bilan coté statistiques et trimestriels depuis 15 jours est déprimant… mais côté indices boursiers, il ne s’est rien passé !
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