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A la recherche d'une impossible solution pour l'euro

Moody's vient – de nouveau – de dégrader la note grecque

, à Ca. Encore une toute petite dégradation d'un cran et cela sera le défaut, écrit Cécile Chevré pour La Quotidienne de MoneyWeek.

Eh bien, quel camouflet pour les Européens ! Leur plan de sauvetage, présenté en fin de semaine dernière, n'a manifestement convaincu ni les agences de notation, ni les marchés – ils sont en baisse ce matin.

Prévisible, n'est-ce pas ?

Ce week-end, j'ai lu le récit que Joseph Kessel a consacré à Hong Kong(*). Il y raconte sa visite dans une fumerie d'opium dans une des parties les plus sordides de la ville – et le comportement des fumeurs. Au fur et à mesure que leur addiction augmente, ils ont besoin de leur pipe d'opium de plus en plus régulièrement. Et d'une dose plus forte aussi. Au départ, une pipe leur suffit pour planer, puis deux, puis trois...

Le comportement habituel de l'addiction.

La Grèce est elle-aussi accro aux plans de sauvetage. Chaque nouvelle injection lui fait un peu moins d'effet, et un peu moins longtemps, que la précédente. Le premier plan de sauvegarde lui avait permis un répit de quelques semaines ; celui de jeudi dernier de quelques jours seulement.

Si les marchés ne sont pas laissés berner, c'est pour deux principales raisons :
- La solution proposée n'en était pas vraiment une, mais seulement un cataplasme supplémentaire sur une jambe gangrenée.

- Ce que la zone euro a proposé n'est en fait qu'un défaut de paiement déguisé. Un défaut de paiement partiel ou organisé. L'influence de Christine Lagarde sûrement. Au fond, les choses sont simples : soit la Grèce peut payer ses dettes, soit elle ne le peut pas – c'est binaire. Or elle ne le peut pas : la Grèce est donc effectivement en défaut de paiement.

Que peut-il se passer maintenant que l'échec du nouveau plan de sauvetage saute aux yeux de presque tout le monde ? Il y a de grandes chances que cela continue comme avant – c'est-à-dire que la situation se dégrade encore. La révision de la note souveraine grecque par Moody's en est la preuve.

Les Européens vont devoir trouver une solution. Or il n'y a pas tant que cela :

Solution 1 : la planque. En gros, vous mettez toutes les dettes de la Grèce sous le tapis en espérant que personne ne les remarque. C'est ce qui a été fait depuis plus d'un an et cela a été un échec complet. Planquer un peu de dettes, passe – Goldman Sachs s'en est même fait une spécialité par le passé. Mais un tel monticule, c'est beaucoup plus compliqué.

C'est d'ailleurs à peu de choses près ce que les Européens ont décidé de faire la semaine dernière, avec quelques petits aménagements de façade comme cette fameuse participation des banques européennes au renflouement. Cela nous paraît une grande mascarade destinée à faire passer la pilule – pardon la facture – aux contribuables européens.

Le problème avec cette solution, c'est qu'elle fonctionne déjà mal pour la Grèce mais et qu'en cas de contagion à d'autres pays, elle devient alors complètement impossible. Que va-t-il se passer quand – et si – l'Espagne et l'Italie seront à leur tour au bord du défaut ?

Seconde solution : la BCE se lance dans un véritable quantitative easing à l'européenne : avec impression de monnaie pour racheter les obligations des pays en danger de la zone euro. Deuxième possibilité dans le même style, la mise en place d'obligations européennes, c'est-à-dire garanties par tous les pays de la zone euro.

Le problème avec cette solution, c'est qu'elle va handicaper les économies "fortes" de la zone euro, en particulier l'Allemagne.

L'assouplissement monétaire aurait pour conséquence une flambée de l'inflation et l'émission d'euro-obligations ferait grimper les rendements européens – pénalisant les pays comme l'Allemagne dont le coût d'emprunt est faible.

Autre problème lié à cette solution, elle nécessiterait une union politique renforcée en zone euro : les Allemands, ou les Français, sont-ils prêts à donner un blanc-seing à la Grèce pour dépenser comme elle l'entend ? Les pays "forts" seront en droit d'exiger un contrôle plus strict des dépenses des pays en danger. Difficile d'imaginer qu'une telle exigence passe bien auprès des différentes opinions publiques.

Troisième solution – peut-être la plus violente – : la Grèce, ainsi que d'autres pays (?) quittent la zone euro, plus ou moins volontairement.

Cela serait tout simplement faire une croix sur près de 70 ans de marche vers une plus grande union et coopération européenne. Mais c'est peut-être ce qui va se passer. Les citoyens européens sont-ils réellement attachés à la monnaie unique et à l'Union européenne ? Pas si sûr... rappelez-vous le rejet massif de la Constitution européenne dans la plupart des pays.

Or une plus forte union économique mais aussi politique semble nécessaire à la zone euro pour non seulement de développer mais surtout pour survivre à la crise de l'euro.

Que devez-vous faire ?
Vous l'aurez compris, nous sommes pessimistes sur l'avenir de la zone euro.

Vais-je encore une fois vous rappeler qu'il existe une assurance tous risques : l'or. Oui, allez, j'en rajoute une couche sur le métal jaune. La fausse sortie de crise de la semaine dernière est une raison de plus à une hausse du cours de l'or dans les semaines qui viennent – et n'oubliez pas que du côté américain, la question du relèvement du plafond de la dette n'est toujours pas réglé...

Même si on ne prend en compte que les problèmes européens, l'or a toutes les raisons de grimper. Déjà les Grecs et les Allemands se jettent sur l'or physique.

Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’EPHE et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’INTD. Cécile Chevré participe à la rédaction de la Quotidienne de MoneyWeek, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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