La Grèce va faire faillite. Quand ? Comment ?
Un vent révolutionnaire souffle
sur la rédaction de La Quotidienne... "Le défaut ! le défaut !", crions-nous devant notre écran d'ordinateur, écrit Cécile Chevré pour La Quotidienne d'Agora.
Je dois confesser un véritable ras-le-bol. Elle va finir par faire défaut cette @%$§ de Grèce,%£*$# !?!
JE N'EN PEUX PLUS. 18 mois que nous disons qu'elle va faire faillite – personne ne le croyait à l'époque. Maintenant, c'est devenu une évidence. La Grèce va faire défaut. Point. On passe à la suite ?
Malheureusement, ce n'est pas si simple que cela. Les Européens essaient encore une fois de retarder l'inévitable. La "Troïka" cette nouvelle expression apparue il y a quelques jours dans les médias pour décrire l'alliance formée par l'Union européenne, le FMI et la BCE se penche de nouveau sur les efforts consentis par la Grèce pour mériter sa nouvelle tranche d'aide financière.
Au programme : de nouvelles mesures d'économies budgétaires. Début septembre, les négociations avaient été suspendues, les sauveteurs de la Grèce estimant que le pays n'avait pas assez fait d'efforts sur la voie de la rigueur – en particulier pour la privatisation des entreprises publiques.
Seulement voilà, alors les réformes et économies demandées en juin par l'UE, le FMI et la BCE ne sont déjà pas respectées et que les Grecs s'opposent fermement à un renforcement d'une politique de rigueur déjà en grande partie responsable de la récession économique du pays, le FMI demande en outre de nouvelles mesures.
Notre avis ? La difficulté de la Grèce à satisfaire les exigences budgétaires de ses hypothétiques sauveteurs, la montée de la contestation à toute forme d'aide (en particulier en Allemagne), et enfin l'insuffisance manifeste du montant accordé par l'UE, le FMI et la BCE rendent la faillite de la Grèce presque impossible à éviter.
S'il est maintenant entendu que la Grèce va faire faillite, il reste cependant quelques petites questions en suspend :
1. quand ?
2. comment ?
Essayons d'y répondre.
1. Quand ?
Quand ? Eh bien, disons que c'est imminent.
Les rendements obligataires explosent : en début de semaine, ils atteignaient les 26% pour les obligations à 10 ans et 76% pour celles à deux ans. Ouch !
Du côté des CDS – les assurances contre le risque de défaut, ici de la Grèce – ce n'est pas mieux. La semaine dernière, il vous en coûtait pour 5,8 millions de dollars + 100 000 dollars par an pour assurer 10 millions de dollars de dettes grecques sur 5 ans. Ce qui signifie que les marchés estiment à 98% le risque de défaut d'ici là. Re-ouch !
Quant aux plans de soutien ? L'Allemagne, prise d'une crise de pingrerie, a décidé de ne plus vraiment mettre la main à la poche. Et de l'autre côté, la Grèce peine à mettre en place les nouvelles mesures de rigueur demandées par le reste de la zone euro.
Pendant combien de temps encore les Allemands accepteront-ils de payer pour la Grèce ? A notre avis, pas très longtemps.
Risquons-nous à une petite prévision. Si nous ne voulons prendre aucun risque, nous dirions que la Grèce fera défaut d'ici la fin de l'année. Si nous voulons en prendre un peu plus, nous parions sur un défaut d'ici fin octobre.
2. Comment ?
Ah voilà, une vraie bonne question ! Je soupçonne que la réponse au "quand ?" dépend en fait en grande partie de la réponse que l'UE, le FMI et tous les pompiers incendiaires de la zone euro fourniront au "comment ?".
Un défaut, cela se prépare... surtout si on souhaite éviter une panique générale.
C'est un enjeu de taille qui attend la zone euro. Il n'est pas exagéré de dire que nous sommes décrédibilisés aux yeux des marchés et des gouvernements étrangers en tergiversant ainsi pendant des mois à propos de l'aide à la Grèce. Jusqu'à présent, l'Europe a surtout fait montre de son incompétence et de son incapacité à s'accorder sur un consensus, même en cas de crise grave.
Nous avons une chance de nous rattraper en gérant le mieux possible le défaut de la Grèce.
Un défaut désorganisé signifierait que la Grèce annoncerait purement et simplement qu'elle ne paiera pas ses dettes. Une telle décision aurait pour conséquence presque certaine une sortie de la zone euro de la Grèce.
Comment éviter le défaut "désorganisé" ? Principale solution, en essayant de négocier avec les principaux créditeurs de la Grèce pour rallonger la durée de remboursement des prêts accordés. Avec en échange – car il y a toujours une contrepartie – une augmentation des taux d'intérêts.
Une solution qui sera difficile à mettre en place : elle suppose que le pays parvienne à se mettre d'accord avec ses principaux créditeurs.
En outre, l'augmentation du poids de la dette (à cause des taux d'intérêts plus importants exigés) va lourdement peser sur l'économie grecque. Le principal problème sera alors l'appartenance à la zone euro. L'euro empêche le gouvernement grec de dévaluer sa monnaie pour réduire son endettement.
Conclusion ?
Une faillite est inévitable. Une sortie de la Grèce de la zone euro devient elle aussi de plus en plus probable.
Pour quelles conséquences ? L'euro pourra-t-il ensuite éviter une contagion aux autres pays. Nous n'en savons rien pour le moment, mais nous n'allons pas tarder à le savoir.
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